Les proches-aidants. On les connaît peu, voire très peu mais pourtant ils jouent un rôle majeur voire indispensable dans le quotidien d’un malade. Un rôle difficile, souvent ingrat et qui pèse le plus souvent sur celui ou celle qui doit s’occuper d’un père, d’une mère ou autre.
Lucie sait cela mieux que quiconque. Elle a 15 ans et vit avec son père William à Chelles, en région parisienne. William est atteint de sclérose en plaques, un maladie handicapante. Se déplacer, se faire à manger ou tout simplement s’occuper de la paperasse devient un exercice particulièrement éprouvant. Des tâches que Lucie effectue sans broncher même si cela a une incidence sur ses notes au collège. Malgré tout, William et Lucie tiennent à cet équilibre précaire qui les rapproche. Un équilibre remis en cause par la visite prochaine d’une assistante sociale du nom de Dominique Toussaint. Craignant d’être séparée de son père, Lucie fait tout pour que la visite de l’assistante se déroule pour le mieux.
Comme je l’écrivais précédemment, proche aidant est un rôle difficile et souvent ingrat. Il est particulièrement difficile lorsqu’on est une ado de 15 ans, fille unique et qui commence à vivre ses histoires d’adolescence. C’est précisément ce qui arrive à Lucie qui doit gérer sa vie de collégienne, sa vie tout court mais également un père qui malgré la maladie qui est là et bien là, reste encore un gamin attardé dans son esprit. Cerise sur le gâteau, elle a des sentiments pour Étienne, un camarade de classe plutôt marginal. Elle qui se sent banale, voire très banale par rapport aux autres filles, se dit en toute logique qu’elle n’a aucune chance car transparente.
Aussi, comment gérer toutes ces émotions et cet équilibre fragile quand on est seulement une jeune fille ? Lucie est une ado certes mais doit déjà agir en adulte notamment par rapport à son père, au point que dans certains cas, les rôles sont inversés. La fille doit recarder son père, ce qui peut paraître cocasse mais aussi le signe révélateur que le foyer tourne et repose quasi exclusivement sur Lucie.
Dès lors, lorsque Dominique Toussaint, l’assistante sociale, est annoncée, Lucie ne comprend pas. Elle considère qu’elle n’a besoin de personne et que leur mode de vie, bien qu’imparfait qu’il soit, leur convient malgré tout. Lucie est en effet proche de son père et estime qu’elle a besoin de lui. Un point de vue discutable mais qui se tient. Toutefois, la voie de la normalité ne passerait-elle pas par admettre certaines choses au bout du compte ?
Porté par un Benoit Poelvoorde touchant et la jeune Justine Lacroix – tout aussi touchante voire remarquable – Normale se veut mélancolique et sérieux sans pour autant tomber dans la déprime. Juste un regard réaliste sur une adolescente qui devient adulte mais qui aimerait bien être une ado comme les autres.
Normale
Un film de : Olivier Babinet
Avec : Benoît Poelvoorde, Justine Lacroix, Joseph Rozé, Steve Tientcheu, Pablo Pauly…
Pays : France
Genre : Comédie, Comédie dramatique, Drame
Durée : 1h27
Sortie : 5 avril
Note : 13/20