À mon seul désir : effeuillage(s)

 

Le strip-tease. Un art pour certains, une vulgarité pour d’autres. Cependant, tout le monde tombera d’accord sur un point. Ce monde fascine, pour son côté sulfureux, magique, sensuel et mystérieux à la fois. Un monde avec ses codes mais aussi ses histoires. 

Manon est bien placé pour le savoir. Jeune ordinaire, timide diront certains, elle pousse un après-midi, les portes d’un club de strip-tease de la capitale. Très vite, elle est intriguée par les lieux. Tellement intriguée qu’elle décide de se faire embaucher comme danseuse. Manon devient Aurore. Progressivement la jeune femme intègre ce milieu très particulier où les femmes dominent et mènent le jeu. Un milieu qui va au fil du temps changer son existence tout comme sa rencontre avec Mia, une aspirante comédienne qui fait des prestations en attendant mieux. 

« Vous n’avez jamais été dans un club de strip-tease ? ». C’est la question faussement innocente et clairement aguichante que nous pose l’affiche du film, une manière assez subtile de nous pousser à la tentation pour mieux y céder et pénétrer dans ce monde qui fleure la sensualité et l’érotisme. C’est sans doute le but premier de Lucie Borleteau, la réalisatrice, qui durant deux heures nous raconte l’histoire d’une femme ordinaire qui s’affirme de plus en plus. 

Manon est en effet une jeune femme, célibataire, blasée par les relations amoureuses, qui ne paie pas de mine en apparence, à se demander ce qu’elle fait dans ce club. Un jugement qu’il convient pour le spectateur que nous sommes de réviser. En réalité, Manon alias Aurore sait très bien ce qu’elle fait. Dans ce lieu, elle est littéralement une autre personne, elle offre du plaisir à travers ses shows et autres prestations, ce qui lui donne de l’assurance. On pourrait également se dire que c’est une fille paumée qui a besoin d’argent tout comme les autres filles qui se produisent tous les soirs. Là aussi, le film nous invite à reconsidérer les choses. Le club de strip-tease, c’est davantage un lieu de passage en attendant mieux, ce qui est notamment le cas pour Mia qui rêve de devenir comédienne. Ce sont des femmes aux âges divers tout comme leurs parcours avec leurs blessures, leur joie de vivre mais aussi leurs sensibilités. 

Un monde dans lequel on trouve tous type de clients, essentiellement des hommes mais loin d’être des voyeurs, des obsédés voire des pervers. Au contraire, on trouve des personnes âgées, des cadres mais aussi des célibataires plus ou moins timides, à la recherche d’affection.

Un monde fascinant dans lequel le spectateur est (exceptionnellement) invité à découvrir les coulisses. Manon (ou plutôt Aurore) se fera des amies – notamment Mia – mais elle aura aussi des ennemies, sans doute en raison de son caractère détonnant. Elle dont on sent qu’elle peine à creuser son sillon s’émancipe progressivement grâce ou à cause de son nom d’emprunt. Clairement, il y a un avant et un après, la jeune femme n’en sortant pas indemne. 

Film sensuel, parfois explicite sans tomber dans le graveleux ou le vulgaire, A mon seul désir est un film où une jeune femme prend le pouvoir. Sur les hommes, son entourage et sur son existence. Une femme incarnée par une Louise Chevillotte remarquable tout comme Zita Hanrot qui visiblement n’a pas hésité à prendre des risques. 

A mon seul désir

Un film de : Lucie Borleteau

Avec : Zita Hanrot, Louise Chevillotte, Laure Giappiconi, Pascal Casablanc, Sieme Miladi… 

Pays : France

Genre : Drame

Durée : 1h58

Sortie : 5 avril

Note : 14/20

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