Anthony Bajon prend progressivement du galon dans le cinéma français. Capable de jouer des rôles comiques comme dramatiques, l’acteur de 27 ans (il ne les fait pas ou alors c’est moi qui vieillit davantage ^^’) détonne et réussit à dégager quelque chose de particulier. Son dernier film ne fait pas exception
Nous sommes à Paris. Léo Corvard est un jeune militaire d’une vingtaine d’années qui vient de terminer ses classes. Après avoir été ouvrier dans des bateaux de pêche non loin de La Roche-sur-Yon, il est affecté, pour sa première mission dans l’opération Sentinelle. Avec son collègue Hicham, et sa supérieure, Yasmine, ils arpentent les rues de Paris et sont à l’affut du moindre comportement suspect. Dans un contexte marqué par une menace terroriste de plus en plus marquée mais également des tensions multiples qui touchent la société française, la mission de ses soldats reste périlleuse et leur responsabilité forte. Léo, qui veut bien faire, s’applique particulièrement. Néanmoins, au fur et à mesure qu’il avance dans sa mission, la frustration le gagne. Frustration qui se transforme progressivement en paranoïa.
Les soldats de la mission Sentinelle ont une tâche (vraiment) pas facile et pas tellement enviable, en réalité. En effet, ils et elles parcourent quotidiennement les rues des grandes villes de notre pays et passent leur temps à faire des rondes, les mains sur le fusil, prêts à intervenir le cas échéant. Leur assignation principale ? Avoir l’œil (et le bon) afin d’empêcher tout drame de se produire sur notre sol. Léo, Hicham et Yasmine marchent quotidiennement dans les rues de Paris, à l’affût de la moindre attitude suspecte. En tant que soldats, ils évoluent sur un terrain particulier et doivent affronter un ennemi invisible, cynique et sournois. Ils ne peuvent pas intervenir pour des affaires « banales » et se sentent comme mis à l’écart. On leur demande de protéger leur pays mais leur véritable champ de manœuvre comme d’intervention reste circonscrite.
Cette situation provoque une certaine frustration auprès de nos militaires à commencer par Léo. Il s’est engagé dans l’armée pour l’action mais aussi trouver un sens à sa vie, lui qui doit faire face à ses addictions qui plus est. Au départ, rejoindre l’opération Sentinelle lui parle, il s’agit de protéger nos compatriotes. Il trouve, d’une certaine manière, une utilité. Une utilité qui, progressivement, est remise en cause par le reste de la société. Ce sont des soldats qu’on ne regarde pas (ou très peu), qu’on déconsidère (volontairement ou non) mais à qui on demande une mission difficile et inhabituelle. Une situation qui laisse la place au doute et plonge Léo dans des interrogations multiples qui peinent à trouver une réponse.
Avec 1h30 au compteur et une distribution principale de qualité – Leïla Bekthi et Karim Lelou sont des rôles de soutien complémentaires et utiles – La troisième guerre met l’accent sur ses soldats qui servent de paratonnerre dans une société de plus en plus marquée par le contexte terroriste mais pas que et dans laquelle, il faut être particulièrement fort et lucide. C’est tout le défi de notre héros principal.
La troisième guerre
Un film de : Giovanni Aloi
Avec : Anthony Bajon, Karim Leklou, Leïla Bekhti, Arthur Vernet, Jonas Dinal…
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h35
Sortie : 22 septembre
Note : 14/20