The third murder : complexité(s) d’un accusé

5598611Les films japonais ont quelque chose d’assez spécial, notamment dans l’intrigue. Un univers anxiogène mais suffisant pour qu’on ne se sente pas oppressé, gêné. Un univers complexe mais suffisant aussi pour qu’on comprenne un maximum et qu’on reste accroché au film.

Pour son nouveau long-métrage, Hirokazu Kore-eda change de registre. Fini le feel-good movie comme on a pu le constater dans ses deux précédents opus (Tel père, tel fils et Notre petite sœur), place à un univers un peu plus sombre. Mismi est un homme d’une soixantaine d’années qui est accusé de vol et d’assassinat. Il en court la peine capitale. Sa défense est assurée par Tomoaki Shigemori, grand avocat du barreau. Les chances de gagner ce procès sont minces, d’autant que son client vient d’effectuer une peine de trente ans pour meurtre. Qui plus est, Mismi a avoué les faits, ce qui rend la tâche encore plus compliquée. Toutefois, au fil de son enquête et des témoignages qu’il recueille Shigemori s’interroge sur la culpabilité de Mismi. S’engage alors une course contre la montre afin de changer le cours d’un procès dont l’issue semble inévitable. Encore faut-il que le principal intéressé se montre coopératif, ce qui est loin d’être le cas.

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Dès les premières minutes, le ton est donné et le spectateur se retrouve plongé dans une ambiance assez spéciale. Si Mismi a bel et bien avoué l’assassinat de son patron, reste à en connaître le mobile, un détail important qui lui permettra d’avoir la vie sauve ou non. Mais l’accusé ne semble pas très loquace et surtout disposé à donner un coup de main à son avocat. Non pas qu’il n’est pas bavard, bien au contraire, mais il prend un malin plaisir à brouiller les pistes. Il modifie à plusieurs reprises sa version des faits et affirme même que le meurtre avait été commandité par la femme de son patron qui espérait toucher l’assurance-vie un peu plus vite que prévu. Cette attitude trouble Shigemori qui ne sait plus trop quoi penser d’autant qu’un nouvel élément rabat les cartes : Mismi a été en contact avec Saskie, la fille de son patron. Il comprend très vite que cette dernière est la clé de l’énigme. Et si Mismi avait commis son acte pour protéger la jeune fille ? Un élément supplémentaire qui ne facilite pas la tâche de l’avocat qui tente d’éviter à tout prix la peine capitale à son client, sans prendre véritablement la mesure de ce qu’il apprend.

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On pourrait être étonné de l’attitude de Mismi. Après tout, s’il le voulait, il donnerait une version claire et limpide des faits. Mais l’homme est hors-sol. Il se sent étranger d’une société qu’il ne comprend pas et se considère même comme une personne qui n’aurait jamais du exister. En réalité, Mismi agit par l’absurde. Puisque la société est prête à se débarrasser de gens comme lui, pourquoi s’en priver ? Même si on passe à côté de quelque chose de bien plus important, pour ne pas dire de grave

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The Third murder est une critique assez subtile et complexe du système judiciaire japonais et de son arsenal répressif, en premier lieu la peine de mort mais également de la société nippone. Malgré un rythme lent, le film se défend assez bien et nous livre une conclusion pour le moins déroutante, tout comme l’ensemble de l’histoire.

The Third murder

Un film de : Hirokazu Kore-eda

Pays : Japon

Avec : Masaharu Fukuyama, Koji Yakusho, Suzu Hirose, Isao Hashizume, Mikako Ichikawa…

Genre : Drame, Policier

Durée : 2h05

Sortie : le 11 avril

Note : 13/20

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