La Syndicaliste : lanceuse d’alerte

Les lanceurs d’alerte. Ces femmes et hommes qui, face à ce qu’il considère comme un potentiel scandale (d’État, sanitaire ou autre), font de leur possible pour dénoncer les faits et prévenir l’opinion publique, au nom d’une certaine idée de la transparence et de la démocratie. Parfois, au risque de se mettre en danger. 

Maureen en sait quelque chose. Nous sommes en décembre 2012 non loin de Rambouillet. Celle qui est responsable CFDT chez Areva est retrouvée ligotée chez elle. Quelques mois auparavant, elle apprend que le géant du nucléaire français est dans le viseur d’EDF et de son patron Henri Proglio qui vise un accord de coopération avec une société chinoise. En jeu, la souveraineté économique de la France mais surtout des centaines de milliers d’emplois menacés. Maureen tente de prévenir les responsables politiques de la catastrophe sociale à venir jusqu’à son agression violente. De leur côté, les gendarmes des Yvelines mènent leur enquête mais ne trouvent aucun élément. Ils s’interrogent au point de remettre en cause l’agression de la syndicaliste. De victime, elle devient subitement accusée. Accusée d’avoir tout inventé. 

La Syndicaliste revient sur une étonnante comme effarante histoire vraie, celle de Maureen Kearney, professeure d’anglais de profession et syndicaliste chez Areva qui a tenté, en vain de prévenir des dessous d’un projet de rapprochement secret entre EDF, Areva et CNGPC, un opérateur chinois. Cette femme, réputée proche d’Anne Lauvergeon, la PDG du géant du nucléaire français, se mobilisera auprès des responsables politiques mais aussi contre sa hiérarchie et le successeur de Lauvergeon, Luc Oursel, pour empêcher le pire et essayer de changer le cours des choses. 

Une initiative qui est loin d’être vue d’un œil bienveillant et qui lui voudra, au mieux une indifférence polie du gouvernement (et notamment du ministre du Redressement Productif de l’époque, Arnaud Montebourg) au pire, des pressions de tout ordre voire des menaces à peine voilées, jusqu’au moment où Maureen reçoit ce qui est considéré comme un dernier avertissement. L’agression est violente mais n’entame pas la détermination de la syndicaliste de rester sur le pont. 

Une détermination qui est cependant mise à l’épreuve par celles et ceux qui se mettent à douter de Maureen. En effet, certains doutent, faute d’éléments et/ou de preuves, de sa sincérité au point de se demander si elle n’a pas tout inventée. Pour ce faire, certains n’hésiteront pas à plonger dans le passée de la syndicaliste pour mieux casser sa crédibilité. Une épreuve supplémentaire pour une femme bien décidée à faire éclater la vérité et surtout laver son honneur. 

Malgré quelques temps inégaux, La Syndicaliste vaut le détour et pose une question qui fâche. Comment se fait-il qu’Areva, le géant français du nucléaire, numéro 1 mondial, ait pu passer un accord avec EDF et un groupe chinois au détriment de ses intérêts et surtout de ses salariés ? Vaste interrogation avec un sentiment d’inachevé et doit placer l’ensemble des acteurs face à leurs responsabilités. Le film de Jean-Paul Salomé y contribuera peut-être. 

La Syndicaliste

Un film de : Jean-Paul Salomé

Avec :  Isabelle Huppert, Nicolas Merle, Grégory Gadebois, François-Xavier Demaison, Alexandra Maria Julia, Gilles Cohen, Marina Foïs, Yvan Attal…  

Pays : France

Genre : Thriller, Drame

Durée : 2h01

Sortie : 1er mars

Note : 13/20

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s