Alex Lutz est un acteur complet, le genre de personne capable de vous faire rire, vous faire peur mais aussi vous émouvoir aussi bien sur grand que sur petit écran, je pense notamment tout particulièrement à la troisième saison de Baron noir, bien évidemment ! C’est donc avec une certaine attente, mais aussi parce que le sujet du film m’intéressait beaucoup, que j’ai découvert son dernier projet.
Thomas Edison – ça ne s’invente pas – est un tennisman qui était promis à un grand avenir, façon Novak Djokovic ou bien encore Rafael Nadal. Particulièrement doué, il était considéré comme le nouvel espoir du tennis français jusqu’à une demi-finale perdue en 2001 aux Internationaux de France et des blessures à répétition viennent tout remettre en question. A bientôt 38 ans, il reste abonné aux profondeurs du classement et sa carrière ne s’en est jamais totalement remise. Alors que la logique voudrait qu’il range sa raquette pour s’occuper davantage de sa femme et de son fils, Thomas fait un pari fou : revenir au top de la compétition. Malgré un corps abîmé et une certaine incertitude, il prépare son retour à Roland Garros avec l’espoir – pourquoi pas – de faire enfin décoller la carrière qu’il méritait !
Le sport de haut niveau pardonne très rarement, voire pas du tout ! C’est d’autant plus vrai pour le tennis dont on a souvent tendance à oublier que derrière le parcours exceptionnel de Rafael Nadal, Dominic Thiem, Roger Federer et compagnie, se cachent ce qu’on pourrait appeler des forçats de la balle jaune. Ceux-là, ils doivent se contenter de tournoi ATP moins voire peu prestigieux avec des cachets frisant le ridicule et sans sponsor pour les soutenir financièrement. Cette réalité cruelle, Quentin Reynaud l’évoque dès le début du film à travers le quotidien de Thomas. Pour pouvoir vivre et travailler correctement de sa passion, le tennisman n’a pas d’autre choix que de donner des cours ou encore trouver lui-même des tournois qui veulent bien de lui, ce qu’il oblige le plus souvent à payer les frais annexes mais surtout de s’absenter, au grand dam de sa compagne Ève.
Un destin « terrible » pour lequel, Thomas ne peut toujours pas s’y résoudre et qui est hanté par l’après. L’après-tennis, la reconversion, un moment inéluctable mais effrayant pour tout sportif surtout s’il n’a pas été préparé, ni même envisagé. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, être retraité à 40 voire 35 ans, c’est loin d’être une sinécure surtout lorsqu’on a fait du sport son outil de travail durant une dizaine voire une quinzaine d’années. Une scène particulièrement forte nous montre à quel point Thomas ne peut se résoudre à cette échéance, comme s’il craignait une double-mort, sportive mais également (et en réalité) sociale.
Ce qui explique cette farouche volonté de ne pas lâcher l’affaire, malgré un corps abîmé et des résultats peu convaincants. Certains diront que c’est de l’abnégation, d’autres crieront à l’inconscience mais Thomas n’en a cure ! Il veut montrer qu’il peut y arriver, revenir au sommet qu’il avait tutoyé lorsqu’il était jeune. Un pari fou, mais au final pas si fou !
Porté par un impressionnant Alex Lutz, 5ème set expose une face méconnue du tennis, pas forcément la plus glamour mais sans doute la plus réaliste. Avec un bon rythme, le film se paie même le luxe de surprendre le spectateur à travers son dénouement, laissant à chacun le choix de sa propre conclusion.
5ème set
Un film de : Quentin Reynaud
Avec : Alex Lutz, Ana Girardot, Kristin Scott Thomas, Tariq Bettahar, Damien Gouy, Hervé Pauchon…
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h53
Sortie : 16 juin
Note : 16/20