J’aime le Québec et je pense qu’il me le rend bien ! 😉 J’apprécie tout particulièrement son cinéma, l’occasion pour moi de retrouver, à l’occasion, mon cher Xavier (Dolan) mais aussi de découvrir d’autres cinéastes. C’est le cas avec Sophie Lorain qui se penche sur la question de l’adolescence et des relations filles – garçons. Vous me direz qu’il s’agit d’un sujet vieux comme le monde, ce qui n’est pas tout à fait faux mais qu’il est toujours intéressant d’aborder sous différents angles.
Nous sommes à Longueuil au sud de Montréal. Charlotte est une ado de 17 ans qui vient de connaître sa première rupture amoureuse. Elle qui croyait avoir trouvé l’âme sœur pense que sa vie est tout simplement finie et qu’elle n’en remettra jamais. Ses meilleures amies, Aube et Mégane, relativisent et lui suggère de profiter de sa jeunesse. C’est alors que toutes les trois trouvent un petit boulot dans un magasin de jouets, histoire de se faire un peu d’argent mais aussi de rencontrer de nouveaux garçons. Charlotte s’amuse et papillonne avec ses collègues masculins, ce qui fait assez vite jaser. Charlotte n’accepte pas cette situation : un garçon qui enchaine les filles, c’est un séducteur, une fille qui enchaîne avec les garçons, en revanche… Mais plutôt que de subir le regard des autres et le qu’en-dira-t-on, c’est l’occasion pour la jeune adolescente de changer les règles du jeu entre filles et garçons. Et si cela passait par une « grève » du sexe ?
« Etre une femme libérée, tu sais, c’est pas si facile ! » J’ai immédiatement pensé au refrain de la célèbre chanson de Cookie Dingler en voyant les aventures plus ou moins compliquées de notre chère protagoniste. Charlotte est une ado qui pense que pour être heureux en amour, il faut tout simplement en profiter. Le raisonnement n’est pas stupide en soi, et celle qui vient se faire quitter par celui dont elle pensait qu’il serait l’homme de sa vie, ne va pas tarder à appliquer à la lettre ce principe. Charlotte n’en a cure, elle veut tout s’amuser sous le regard interrogatif mais non réprobateur de ses deux meilleures amies. Charlotte est une jeune femme et pour elle, papillonner c’est tout à fait normal, après tout, s’interroge-t-on du comportement d’un garçon qui multiplie les conquêtes ?
C’est en filigrane la question que pose Sophie Lorain qui inscrit ses personnages dans une démarche résolument féministe mais qui ne cherche pas nécessairement à déclarer la guerre au sexe (supposé) fort. Oui, Charlotte a 17 ans, elle couche avec (pleins) de garçons et cela ne fait pas d’elle une Marie-couche-toi-là ! Mais c’est aussi une femme en devenir qui au fond n’est pas contre une certaine affection et qui croit en l’amour. Charlotte, c’est l’incarnation de ces ados qui se construisent sur un plan sentimental et qui oscillent entre joies et peines, mais qui en profitent pour casser les codes et autres règles bien établies. Une façon de dire qu’elles (re)prennent la main et qu’elles décident en toute liberté.
Intégralement tourné en noir et blanc, drôle et touchant à la fois, Charlotte a 17 ans se veut décomplexé tout en gardant une certaine classe et candeur. Résultat, un long-métrage juste et frais, malgré une fin prévisible.
Charlotte a 17 ans (Charlotte a du fun)
Un film de : Sophie Lorain
Pays : Canada
Avec : Marguerite Bouchard, Romane Denis, Rose Adam, Alex Godbout, Vassili Schneider, Anthony Terrien…
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h28
Sortie : le 12 juin
Note : 16/20