Exceptionnellement, je vous livre ma critique d’un film sorti il y a plus d’une semaine. En effet, il m’était impossible pour moi de passer à côté de la Palme d’Or 2019 de Cannes, le film dont tout le monde (ou presque) parle, à juste titre d’ailleurs.
A juste titre quand on commence à se pencher sur le travail de Boon Joon-Ho et sur le cinéma sud-coréen en général. Un cinéma assez cynique, très vif, parfois absurde et qui cherche à vous surprendre. Autant dire que j’attendais Parasite avec un grand intérêt.
Nous sommes à Séoul chez Les Ki-taek dont tous les membres sont au chômage. Pour survivre, ils enchaînent les petits boulots peu reluisants et surtout peu rémunérateur. Un jour, Ki-woo, le fils, dine avec un ami qui donne des cours d’anglais à Da-hye, une fille issue d’une famille aisée, les Park. Amoureux de celle-ci, et ne souhaitant pas qu’un autre étudiant prenne sa place, il demande à Ki-Woo de le remplacer. Ce dernier saute immédiatement sur l’occasion et qu’importe qu’il fabrique de faux diplômes avec la complicité de sa sœur. Ki-woo intègre les Park et très vite, lui et ses siens s’intéressent de très près au train de vie de cette famille. Méthodiquement, les Ki-taek arrivent à se faire embaucher chez les Park. Ils ne se doutent qu’ils ont mis le doigt dans un engrenage aux conséquences incalculables.
Celles et ceux qui ont vu Snowpiercer en 2016 trouveront sans aucun doute un point commun avec Parasite : la question sociale qui est abordée de manière vive et cynique par le réalisateur sud-coréen. Les premières scènes du film plantent en effet le décor avec une famille Ki-taek vivant littéralement dans les bas-fonds d’un quartier miteux de la capitale et reléguée au plus bas de l’échelle sociale, bien peu considérés. Aussi lorsque Ki-woo débarque dans la maison cossue et hyper connectée des Park, sur les hauteurs de Séoul, l’occasion est trop forte, celle de profiter (au sens propre comme figuré) de la crédulité de cette famille qui affiche, au mieux, une certaine condescendance, au pire un mépris pernicieux envers les pauvres, les petits gens. Le père de famille Park est quelqu’un de riche, vit avec une femme superficielle et se comporte tel un riche. Pour eux, laisser les tâches subalternes, c’est faire preuve d’altruisme d’une certaine manière, fidèle à cette fameuse théorie du ruissellement. Immanquablement, les deux univers, celui des Ki-taek et celui des Park, ne manqueront pas de se télescoper comme si les premiers voulaient infliger une bonne leçon aux seconds. Une sorte de guerre sociale qui se prépare entre riches et pauvres mais pas seulement et ce qui rend le film complexe et imprévisible.
Innovant et non avare en rebondissements, Parasite mérite amplement sa Palme d’Or, exposant sans concession la violence et le cynisme de relations sociales mais également de chacun des personnages, rendant son récit universel. Car si l’intrigue est coréenne, l’histoire aurait très pu opposer Brooklyn à Manhattan, Uccle à Anderlecht, Brixton à Wimbledon ou encore Neuilly sur Seine à Saint-Denis. Ce qui explique pourquoi le film a fait l’unanimité lors du dernier Festival.
Parasite (기생충)
Un film de : Boon Joon-Ho
Pays : Corée
Avec : Song Kang-Ho, Lee Sun-kyun, Cho Yeo-jeong, Choi Woo-sik, Park So-Dam…
Genre : Thriller
Durée : 2h12
Sortie : le 5 juin
Note : 17/20
C’est vrai que c’est un film très universel, tant dans les sujets traités que dans la manière de le faire. À la fois Palme d’Or et accessible, à la fois thriller et comédie, il nous régale, je suis bien d’accord !
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