Les délices de Tokyo : la recette du bonheur

007270Les films japonais sont toujours une découverte pour moi et généralement, je suis assez peu déçu du résultat et surtout de l’œuvre que l’on a en face de soi.

Après Notre petite sœur, découverte d’un nouvel univers celui de Noami Kawase qui nous invite à la rencontre de Sentaro. Ce dernier confectionne et vend des dorayakis, sorte de pancakes sucrés fourrés d’haricots rouges confits. Sauf que les affaires ne décollent pas vraiment : ses mets se vendent mais sans plus, sans compter que la plupart du temps, il rate ses préparations. Un jour, Tokue, une femme âgée, passe devant l’échoppe de Sentaro et se met à discuter avec lui. Elle lui demande tout bonnement de l’embaucher. Après plusieurs réticences, Sentaro finit par accepter. Tokue l’aide alors à la préparation des dorayakis et lui donne sa recette secrète afin de les améliorer. Le succès est immédiat et les pancakes de Sentaro s’arrachent comme des petits pains.

Alors dit comme cela, on pourrait se dire que le synopsis n’est pas si exceptionnel. Mais détrompez-vous ! Car derrière ce scénario idyllique se cache une réalité qui l’est beaucoup moins. Car Sentaro et Tokue, c’est la rencontre de deux marginaux, deux exclus de la société. Le premier est plutôt solitaire, criblé de dettes (il tient cet échoppe dans l’unique but de les rembourser) et n’a que pour fidèle cliente et amie, Wakana, une collégienne qui souhaite travailler avec lui tandis que Tokue est une femme âgée tout aussi solitaire. Le premier a de sérieux problèmes d’alcool tandis que la seconde est montrée du doigt et mise au ban de la société en raison de sa maladie : c’est une ancienne lépreuse et les lépreux font encore peur au Japon au point qu’ils sont exclus et qu’on fait tout pour qu’on ne les voient pas.

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Deux âmes en peine qui vont pourtant trouver dans la cuisine, la recette du bonheur. C’est surtout vrai pour Santaro qui au contact de Tokue, une femme un peu spéciale mais très attachante, retrouve goût à la vie. Le chemin est encore long et parsemé d’embûches – notamment lorsque les habitants du quartier sauront de Tokue est une lépreuse – mais il permettra à nos deux marginaux de se sentir plus forts et, du coup, moins seuls, une rencontre salutaire sous l’œil de Wakana qui voit en ses deux amis, une façon aussi de s’évader de son ordinaire pas vraiment enviable.

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Les délices de Tokyo furent projetés dans la sélection « Un certain regard » lors du dernier festival de Cannes. Une expression qui prend réellement tout son sens car outre le regard qu’on porte sur un cinéma méconnu, il invite également le spectateur à réfléchir sur notre société et son seuil de tolérance ou d’intolérance. La cuisine comme moyen de réintégration des plus marginaux dans notre société, un thème universel et porteur très joliment porté à l’écran par une Noamie Kawase qui n’hésite à mettre le doigt là où ça fait mal pourvu que cela provoque le débat et pousser les gens à changer de regard justement.

Les délices de Tokyo (An)

Un film de : Noamie Kawase

Pays : Japon

Avec : Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida…

Genre : comédie dramatique

Durée : 1h53

Sortie : le 27 janvier

Note : 14/20

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