On a dit tout dit sur Mélanie Laurent. Comme pour Léa Seydoux, elle a ses plus fervents admirateurs et ses plus grands fervents détracteurs, la raison à son jeu d’actrice qui fait loin de faire l’unanimité sans compter que Mélanie est connue pour sa très grande immodestie.
Aussi, cette dernière était attendue au tournant avec son second film, « Respire » qu’elle avait présenté à Cannes lors de la Semaine de la Critique en mai dernier. Après Les Adoptés en 2010, Mélanie Laurent s’attaquait à bien plus difficile et on était tous impatient (moi le premier) de voir comment elle avait s’en sortir !
L’histoire n’en demeure pas moins saisissante et se concentre sur une amitié fusionnelle et exclusive, celle de deux filles de 17 ans, Charlie et Sarah. Charlie (de son vrai prénom Charlène) est une ado, élève de Terminale S plutôt douée, discrète et qui vit comme tous les ados de son âge, à la différence qu’elle vit dans un contexte familial très anxiogène. Elle passe son temps entre ses études, sa relation avec Lucas (son ex) et sa meilleure amie, Victoire qui passe son temps à lui raconter ses histoires d’amours plus ou moins hypothétiques. Cette routine est remise en cause lorsqu’arrive Sarah, la nouvelle, une fille bien dans sa peau, culottée, ayant une assurance forte et rapidement populaire. Toutes les deux vont se trouver et une nouvelle amitié nait pour le meilleur et surtout pour le pire.
Respire porte bien son nom car on entre effectivement dans un univers progressivement clos, puis étouffant à plusieurs titres. Face à Sarah, Charlie n’arrive pas à s’affirmer, pire elle est complètement dominée par sa nouvelle amie qui prend un malin plaisir à profiter d’elle pour mieux la rabaisser le plus souvent en public. Cela porte un nom : la perversion narcissique. En dépit des alertes de ses proches et notamment de Victoire, Charlie ne semble pas disposée à prendre ses distances avec sa copine. Pire, en son absence, elle se sent mal, en manque… bref, elle ne sent mieux que si Sarah est là bien qu’elle lui fasse plus de mal que bien.
Le film tout comme le spectateur pourrait facilement prendre parti pour Charlie, la victime (consentante ?) dans cette relation perverse. Mais Mélanie Laurent n’est pas tombé dans ce piège. Bien que se focalisant sur Charlie, elle s’attarde sur certains aspects de la vie privée de Sarah, ces détails que la demoiselle cherche en réalité à cacher absolument, notamment un secret qui est à l’origine de son attitude plus ou moins crasse et de sa perversion. Toutefois, Charlie et Sarah ont toutes les deux un point commun : un certain mal-être et une envie folle d’exister, ce qui explique pourquoi elles deviennent complémentaires mais également pourquoi cette relation devient toxique en particulier pour Charlie.
Avec Respire, Mélanie Laurent a prouvé au moins une chose : elle est bien mieux derrière la caméra que devant ! Les plans sont en effet très intimistes et précis, donnant l’impression qu’on assiste véritablement aux premières loges, spectateurs impuissants une amitié destructrice et étouffante au paroxysme violent, en particulier à la fin. Un film qui met en avant toute la nouvelle génération (Y) du cinéma français et notamment les deux têtes d’affiches Joséphine Japy (Charlie) et Lou de Lâage (Sarah), promises à un bel avenir cinématographique (et pas seulement !)
Respire
Un film de : Mélanie Laurent
Avec : Joséphine Japy, Lou De Laâge, Isabelle Carré, Claire Keim, Roxane Duran, Thomas Solivères, Carole Franck…
Pays : France
Genre : drame
Durée : 1h32
Sortie : le 12 novembre
Note : 13/20