Il y a des épisodes dans la vie qui nous marquent, des épisodes heureux mais aussi douloureux, du genre à changer le cours d’une vie, pour le pire comme pour le meilleur.
Un soir, Thomas, un écrivain en manque d’inspiration dans le Grand nord canadien, passe sur une route de campagne enneigée après s’être disputé avec sa femme au téléphone. Il manque alors de percuter un garçon qui jouait sur sa luge et qui est ramené à sa mère. Mais Thomas n’avait pas vu le frère du petit garçon qui n’a pas pu éviter la voiture. L’écrivain met des années à s’en remettre et peine à écrire de nouveau, au point de faire une tentative de suicide. Toutefois, cet accident tragique va lui permettre de trouver la force d’inspiration nécessaire. Thomas se remet à écrire et son troisième livre devient un best-seller. Durant ce temps, le petit garçon qui a survécu grandit et mène une existence modeste avec sa mère. Ces derniers ne tardent à se rappeler au bon souvenir de l’écrivain désormais devenu célèbre.
Tout ira pour le mieux ! C’est un peu une prière, une incantation lancée par les trois protagonistes de l’accident : Thomas, joué un James Franco troublant, Christopher joué le jeune acteur québécois Robert Naylor et la mère, interprétée par une Charlotte Gainsbourg fragile et distante. L’histoire se déroule sur une dizaine d’années, une période où on voit deux destins, deux façons de faire face à la tragédie, deux façons de s’en sortir aussi. Thomas s’inspire de ce drame pour en faire un livre, devient un auteur à succès et refait progressivement sa vie, là où la mère de Christopher reste dans le souvenir et dans la peine. Quant à Christopher lui-même, même s’il ne tient pas Thomas comme responsable de la mort de son frère, il ne peut s’empêcher de lui tenir rigueur de mener une vie tout à fait normale, là où sa mère n’est pas en mesure d’aller de l’avant.
Mais derrière l’apparent (et impressionnant) rebond de Thomas, se pose une question : n’est-ce pas au bout du compte une fuite en avant qui ne dit pas son nom ? Une façon pour lui de tourner la page d’un événement qui le marque encore et qui a eu un impact non seulement sur lui-même mais également sur son entourage proche. Thomas se transforme mais semble insensible, hors du temps… comme pour mieux dissimuler son mal-être face à la famille du défunt ?
Le dernier de Wim Wenders place en tout cas un face à face étrange entre les trois protagonistes qui nouent une relation toute aussi étrange. Certains la qualifieront même de malsaine, vu le contexte. Mais cela s’avère finalement nécessaire et justifié dans on voit l’ambiance du film. Au final, le spectateur est plongé dans un univers assez pensant mais en même temps supportable pour conserver l’intérêt et même un certain suspense autour du film. Un long-métrage dans lequel James Franco joue avec justesse, preuve supplémentaire qu’il est bien meilleur acteur lorsqu’il ne s’attaque pas à la comédie ! Juste un bémol : la 3D qui même à sa pertinence pour entrer dans l’univers de cette histoire assez singulière, n’est pas si indispensable que cela. Une lubie du réalisateur allemand, en clair !
Every thing will be fine
Un film de : Wim Wenders
Avec : James Franco, Charlotte Gainsbourg, Rachel Mac Adams, Marie-Josée Croze, Robert Naylor…
Pays : Allemagne/Canada
Genre : drame
Durée : 1h59
Sortie : le 22 avril
Note : 14/20