Maria : la malédiction du « Dernier tango »

Trois semaines. Trois semaines que je n’ai pas écrit sur mon blog. Il faut dire que les élections européennes sont passées par là et le boulot a été très chronophage. A cela, ma vie de papa qui poursuit son cours avec les imprévus et autres aléas mais aussi des moments spéciaux que je passe avec mon boutchou, moments qui deviennent de plus en précieux j’ai presque envie de dire ! 

Ce n’est cependant pas une raison pour lâcher mon carnet virtuel et encore moins ma passion pour le 7ème art. En dépit d’un agenda chargé (et qui ne devrait pas s’alléger avec la perspective des élections législatives anticipées, bien au contraire !), le cinéphile que je suis poursuit son exploration des salles obscures, à la découverte de nouveaux longs-métrages. 

Dans la catégorie nouveauté justement, ce film porté par Anamaria Vartolomei qui a attiré mon attention. Nous sommes en 1972. Maria Schneider n’a pas encore 20 ans, lorsqu’elle est repérée par Bernando Bertolucci pour jouer dans son prochain projet, « Le Dernier tango à Paris ». Pour la jeune femme qui vient juste de renouer le contact avec l’acteur Daniel Gélin, son père biologique, c’est une opportunité en or, d’autant qu’elle partage l’affiche avec Marlon Brando. Si Le Dernier tango lui ouvre les portes de la célébrité, elle paie néanmoins sa notoriété au prix fort. Considéré comme sulfureux, le film de Bernando Bertolucci n’est pas épargné par la critique, cette même critique qui est féroce avec Maria. Absolument pas prête à affronter le scandale, commence alors une descente aux enfers pour l’actrice, en prise avec ses démons. 

Le Dernier tango à Paris fait encore (beaucoup) parler de lui, plus d’un demi-siècle après sa sortie au cinéma. La raison ? Une scène particulièrement dérangeante pour laquelle Maria Schneider n’avait été prévenue qu’au tout dernier moment par le réalisateur, ce qui ne lui l’a laissé pratiquement marge de manœuvre pour accepter ou non la séquence. Un moment particulièrement pénible pour l’actrice qui restera durablement marquée par cette « expérience », mais aussi par l’absence de regrets, pour ne pas dire d’excuses de la part de deux hommes qui n’avaient pas jugé de lui demander son avis. 

Cette scène sera d’autant plus marquante que la jeune Maria sera constamment montré du doigt, coincé dans des stéréotypes. Cette femme qui fait du cinéma avant tout pour raconter des histoires, est réduite par nombre de réalisateurs à un corps qu’il convient de dénuder à pratiquement toutes les scènes. Si personne n’y voyait rien à redire dans les années 1970 (ni même les féministes, c’est dire !), cette situation affecte profondément Maria Schneider. Faute de soutien, notamment de sa mère qui se montre de plus en plus distante, la tête d’affiche du Dernier Tango trouve refuge dans la drogue et l’alcool, seuls moyens de calmer son mal-être. C’est une femme brisée qui cherche un échappatoire mais qui tente, vaille que vaille, de ne pas subir ce milieu du cinéma qui la fascine mais qui fait par les hommes pour les hommes. 

Mené par Anamaria Vartolomei, Maria rend hommage à une actrice qui n’a pas eu la carrière qu’elle méritait, stigmatisée en raison d’une scène pour laquelle elle n’a été nullement consentante et qui aura eu raison de sa filmographie. Une façon aussi de rendre justice à cette femme qui nous a quitté en 2011, emportée par un cancer et à qui on devrait lui accorder une bien meilleure place. 

Maria

Un film de : Jessica Palud

Avec : Anamaria Vartolomei, Matt Dillon, Yvan Attal, Céleste Brunnquell, Guiseppe Maggio, Marie Gillain… 

Pays : France

Genre : Biopic, Drame

Durée : 1h43

Sortie : le 19 juin

Note : 15/20

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