Quand la controverse s’invite (comme chaque année) sur le tapis rouge

Cuture / Cinéma Palais des festival à Cannes (06), le 19/05/2024 Descente des marches de l’équipe du film THE SUBSTANCE [Compétition] de Coralie Fargeat Ambiance de la montée desmarches du festival de Cannes Photo LP / Fred Dugit

Le Festival de Cannes touche bientôt à sa fin et avant de découvrir, lors de la Cérémonie de clôture le cru 2024 côté palmarès, côté tapis rouge, cette nouvelle édition de la Croisette est restée fidèle à la tradition. Par tradition, j’entends par-là, les polémiques et autres scandales, car si le Festival de Cannes c’est stars, strasses et paillettes, il ne serait pas ce qu’il est sans une bonne petite controverse, histoire de tomber sur les témoignages de ceux qui applaudissent comme de ceux qui expriment leur indignation. 

Alors que Cannes 2024 s’est ouvert sur fond de #MeToo et dénonciation des violences faites aux femmes, c’est une autre actualité qui s’est invitée lors de la Quinzaine. En début de Festival, Laura Blajman-Kadar, une survivante de l’attaque terroriste du Hamas, le 7 octobre dernier, a monté les marches du Palais en arborant une échappe en soutien des otages toujours retenus par l’organisation islamiste, et portant une robe jaune avec la photo de certains d’entre eux. Une façon pour elle de rappeler la gravité de la situation et faire en sorte que ces femmes, hommes et enfants ne tombent pas dans l’oubli, près de 9 mois après leur captivité. 

Quelques jours après, autre ambiance et autre sensation avec l’actrice Cate Blanchett qui a foulé le tapis rouge de Cannes en portant une robe qui, selon certains, fait sérieusement penser au drapeau palestinien. Un soutien plus qu’appuyé à la population de Gaza que certains n’ont pas manqué de noter voire, dénoncer, estimant qu’il était non seulement malvenu mais qu’il était au final une sorte de soutien au Hamas. 

Une supposition vraiment tirée par les cheveux et qui pose encore la question de la possibilité pour les acteurs (et les festivaliers) d’avoir droit de cité. Cannes, c’est le glamour par excellence, c’est le cinéma qui vend du rêve, qui nous fait rêver et par de là, il se doit d’être neutre, même si on exprime de manière symbolique, sans aucune prise de parole, son opinion. Quitte à être dans l’interprétation, la surinterprétation, pour ne pas dire la mauvaise foi la plus crasse. 

Il en est notamment ainsi pour la tenue de Cate Blanchett dont certains se sont vite empressés d’y voir un soutien à la Palestine. Cependant, c’est vite oublier que l’actrice australienne, lors d’un discours prononcé au Parlement européen à Strasbourg, quelques jours après l’attaque du 7 octobre, avait appelé à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ainsi qu’à la libération de tous les otages. C’est également vite oublier que cette dernière n’a confirmé ni démenti les allégations portées par certains concernant sa magnifique robe. 

Une situation qui contraste avec une autre opération médiatique tout aussi polémique et bien plus condamnable à mon sens. Le 23 mai dernier, les militantes du Collectif Némésis, mené par l’influenceuse d’extrême-droite, Alice Cordier, ont perturbé la montée des marches avec une banderole exigeant, en anglais, l’expulsion des personnes étrangères condamnées pour viols et/ou agressions sexuelles. Disons-le franchement, ce genre de coup médiatique n’a pas sa place dans un Festival où les valeurs d’ouverture, de tolérance et de découverte de l’autre sont l’âme de Cannes. A travers cette initiative, ces activistes fascistes – disons les choses franchement ! – ont tout simplement débiter leur haine raciste, s’appuyant sur la Croisette comme caisse de résonance, quitte à se montrer bien silencieuses concernant d’autres cinéastes et/ou acteurs mis en cause… à la différence qu’ils sont blancs. 

Toujours est-il que comme chaque année, le Festival a eu droit à sa série de polémiques mais si cela n’a pas trop perturbé le déroulement de la Quinzaine, bien au contraire ! Cannes va même jouer les prolongations dès ce samedi et jusqu’à mardi, certains films présentés aux festivaliers seront proposés en avant-première exceptionnelle dans les cinémas UGC et mk2. 

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