L’Homme debout : le travail comme boussole

Jacques Gamblin est un acteur que j’apprécie pour son travail, l’homme étant à l’aise dans la comédie que dans des rôles plus ou moins mélancoliques. Un homme à la filmographie assez dense et à la personnalité plutôt discrète. 

C’est probablement ce trait de caractère qui a joué pour son nouveau film. Nous sommes en Rhône-Alpes, non loin de Valence. Henri Giffard est VRP dans une entreprise de papier peint. C’est « l’ancien », celui qui a co-fondé la boite. C’est un bosseur qui arpente les routes de la région, à la rencontre de ses clients. Il ne jure que par le contact humain, meilleure façon pour vendre. D’ailleurs, les chiffres parlent pour lui et ils sont excellents. Dans ces conditions, il paraît improbable de se séparer d’une telle pépite. C’est sans compter sur sa direction qui souhaite « rajeunir » l’image de la société, autrement dit le débarquer. Elle engage alors Clémence Alpharo, une jeune DRH, chargée de proposer à Henri une belle et confortable retraite anticipée. Henri refuse catégoriquement. Son travail, il y tient. Il lui donne encore un sens à sa vie.

Pour certains, le travail est un instrument de torture, pour reprendre le sens original du mot. Pour d’autres, c’est l’alpha et l’omega, ce yin et ce yang qui façonne leur vie de tous les jours. Henri est, sans contexte, dans cette seconde catégorie. Constamment sur les routes, c’est quelqu’un qui ne compte pas tellement ses heures, toujours rivé à ses objectifs de vente. Ce qu’il lui plait, c’est moins d’enchainer les primes mais le contact humain, ce qui fait de lui un VRP hors-pair, un homme qui particulièrement efficace. 

C’est en toute logique que la direction de l’entreprise devrait le protéger, le bichonner, étant donné le chiffre d’affaires qu’il réalise et l’argent qu’il ramène donc. Malheureusement Henri est considéré comme un vieux et il est invité à prendre la porte dès que possible. Aussi, lorsqu’arrive Clémence, il s’accroche et marque son territoire. Il n’entend pas quitter son poste de manière volontaire et le fait savoir. 

Une situation qui embarrasse la jeune cadre. Après un passage à vide, elle qui n’a pas hésité à faire 500 kilomètres loin de chez elle, est toute contente de trouver un emploi. Un emploi qu’elle entend conserver, c’est même un besoin pour elle. Que faire, toutefois, lorsque vous êtes en face d’un homme qui veut encore s’investir pour son entreprise et une direction qui n’hésite à faire des pressions sur vous pour obtenir ce qu’elle veut ? Un sacré dilemme pour Clémence qui est confrontée à une réalité implacable. 

D’une durée convenable, L’homme debout évoque avec justesse et réalisme la question de l’emploi des seniors et du manque de considération souvent porté à leur égard. Au moment du récent débat portant sur la réforme des retraites, c’était tout simplement cocasse mais surtout une occasion toute trouvée de mettre en avant cette réalité de notre société. 

L’homme debout

Un film de : Florence Vignon

Avec : Zita Hanrot, Jacques Gamblin, Cédric Moreau, Tatiana Gousseff, Thomas Chabrol, Vincent Jaspard, Bruno Abraham-Kremer, Carima Amarouche…  

Pays : France

Genre : Comédie dramatique

Durée : 1h26

Sortie : 17 mai

Note : 13/20

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