Entre triomphe et malaise ?

(Photo by Joel C Ryan/Invision/AP)

Cela fait pratiquement une semaine que le Festival de Cannes a débuté avec comme à son habitude, son lot de stars, de strasses et de paillettes, bref, tous les ingrédients nécessaires pour que cet événement planétaire continue à nous faire rêver, même à distance. 

Un Festival que je suis de loin, voire de très loin. Non pas qu’il ne m’intéresse pas – bien au contraire ! – mais que tout simplement je suis bien pris par le temps, entre vie pro, perso et boulot sans compter mes sorties ciné. Un équilibre toujours compliqué et épique à trouver faisant qu’il n’est toujours simple et aisé d’ouvrir ses œillères. 

Ce qui ne veut pas dire pour autant que je ne sois pas informé de ce qui se passe sur le tapis rouge et à peine le Festival avait démarré qu’il tenait là son premier scandale selon certains. L’objet, c’était non seulement la présence remarquée de Johnny Depp lors de la présentation du film de Maïwenn, Jeanne Du Barry, mais également et surtout la standing ovation à laquelle il a eu droit, une fois le long-métrage diffusé aux festivaliers. 

Sept minutes. Sept minutes où l’acteur américain a été chaleureusement applaudi par ses congénères pour son interprétation de Louis XV. Sept minutes de trop estimeront ses détracteurs qui ne manqueront pas de rappeler son attitude envers son ex-femme Amber Heard qui lui a valu plusieurs condamnations et un procès particulièrement médiatisé. Cinq ans après la vague #MeToo et ce formidable mouvement dénonçant les violences faites aux femmes, certains considéreront qu’il s’agit purement et simplement un camouflet, appelant même au boycott du long-métrage de Maïwenn, ce qui, pour l’heure, n’a pas tellement été entendu si on en croit les bons résultats du film au niveau du box-office. 

Chaque année, Cannes a droit à sa séquence polémique, voire son scandale, c’est pratiquement devenu un classique, plus ou moins attendu. Cette année donc, c’est Johnny Depp qui est à l’honneur, lui qui semble revenir en grâce au sein de la profession malgré ses ennuis judiciaires. Inacceptable pour certains, à nuancer (voire relativiser) pour d’autres, la réaction de la profession et du public présent, à l’issue de la projection de Jeanne du Barry interroge et relance une nouvelle fois le débat sur le fait de distinguer l’acteur et l’individu. 

Johnny Depp, en compagnie de Maïwenn, Diego Le Fur, Pierre Richard et Benjamin Laverhne lors de la montée des marches au Festival de Cannes, le 16 mai dernier

Un débat souvent âpre dans lequel, les opinions peuvent s’entrechoquer et sont souvent irréconciliables. Près de six ans après l’éclatement de l’affaire Weinstein, mettre en avant le dernier film de Maïwenn avec en tête d’affiche un acteur coupable, par la justice britannique, de violences conjugales peut paraître comme une provocation. C’est en tout cas un choix apparemment assumé par Thierry Frémiaux, le délégué général du Festival qui a même déclaré ne pas être « au courant » de la situation de l’acteur américain, ce qui est assez cocasse à l’heure des réseaux sociaux et de la médiatisation (parfois ou souvent c’est selon !) à outrance. 

Pour ma part, je ne sais pas trop quoi penser ce que certains voient comme un scandale sans nom. Non pas que cela ne m’intéresse pas ou que je n’ai pas d’avis sur la question, c’est tout simplement qu’il s’agit là d’un sujet complexe dans lequel les contradictions sont légion. Une fois encore, elle pose la problématique sur le fait de distinguer ou non l’homme de l’artiste, un sujet délicat car marqueur de tous les excès d’un sens comme de l’autre. 

Toujours est-il que pour Cannes et ses Festivaliers, la question ne se pose pas ou plus, signe peut-être que le cinéma semble passer à autre chose ! 

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