Le temps passe et le cinéma se saisit progressivement des attentats du 13 novembre comme thème. On l’a vu l’année dernière avec Revoir Paris, Novembre ou encore Vous n’aurez pas ma haine. Un cinéma qui permet à la fois de faire acte de mémoire mais aussi comprendre ce que les victimes comme les survivants sans oublier les témoins ont véçu cette horrible nuit mais aussi après.
C’est notamment le cas de Ramon et Céline. Ramon et Céline sont en couple. Le premier est espagnol, la seconde française. Ils vivent à Paris et sont unis. Le 13 novembre, en guise de cadeau d’anniversaire pour Céline, ils se rendent au Bataclan avec des amis, assister au concert des Eagles of Death Metal. Un show exceptionnel, sympa brutalement interrompu par des coups de feu. Si Ramon et Céline arrivent à survivre à l’attaque, c’est l’après qui devient de plus en plus difficile, voire impossible.
Comment reprendre le cours de sa vie après une attaque terroriste, en particulier de cette ampleur ? Ramon et Céline auront une approche bien différente par rapport à cette question. Si Céline cherche à tourner la page, du moins en dire le moins possible et chercher à « positiver », Ramon, lui, ne peut s’empêcher de rechercher le moindre détail, la moindre information ou anecdote sur ce qui s’est passé lors du 13 novembre. Cette nuit au Bataclan le marque et n’en finit pas de le hanter au point qu’il est régulièrement en prise à des crises de panique. Le moindre objet qui tombe, un comportement suspect… Ramon a encore l’événement dans la peau et peine vraiment à s’en détacher.
C’est tout le contraire de Céline qui cherche à trouver un nouveau souffle. Elle s’investit davantage dans son boulot et cherche un nouveau souffle. Toutefois, ce détachement est trop beau pour être vrai. Non pas que la jeune femme ne soit pas sincère mais c’est comme si, elle se cachait quelque chose à elle-même, au risque d’être dans le déni. C’est pourtant une façon pour elle de se protéger et de ne pas rester dans une forme de léthargie, une attitude qu’elle juge glauque, pour ne pas dire mortifère.
Aussi, comment Céline et Ramon peuvent se retrouver ? S’ils s’aiment profondément, il n’en demeure pas moins que l’attaque du Bataclan marque irrévocablement un avant et un après dans leur relation. Marqués dans leur chair, ils peinent néanmoins à regarder dans la même direction, comme s’ils n’avaient pas vécu la même tragédie alors qu’ils étaient sur place. Une épreuve supplémentaire douloureuse mais malgré tout indispensable pour retrouver la voie de la résilience et de la guérison.
Porté par Noémie Merlant et Nahuel Perez Biscayrat avec un point de vue espagnol, celui du réalisateur Isaki Lacuesta, Un an, une nuit est un film sur la reconstruction ou plutôt la tentative de reconstruction, dans laquelle une part de deuil reste tout de même à effectuer. Le deuil d’une partie de soi, mais également d’un passé qui par définition n’existe plus. Même si cela passe par une forme de déni, c’est toutefois une étape indispensable pour effectivement retrouver le chemin de la vie.
Un an, une nuit (Un año, una noche)
Un film de : Isaki Lacuesta
Avec : Noémie Merlant, Nahuel Perez Biscayart, Quim Gutiérrez, Alba Guilera, Natalia de Molina, Bruno Todeschini, Sophie Broustal…
Pays : Espagne
Genre : Drame
Durée : 2h10
Sortie : 3 mai
Note : 14/20