Celles et ceux qui lisent régulièrement ce blog savent mon admiration pour le Canada et pour le Québec, la Belle Province, en particulier. J’adore le cinéma québécois et je n’ai qu’un seul regret, qu’il ne soit pas davantage mis en avant dans l’Hexagone.
Aussi lorsqu’un film réalisé par nos chers cousins est à l’affiche, c’est presque une obligation, je cours découvrir l’œuvre. C’est ainsi que je suis parti à la découverte de Noémie. Noémie a 15 ans. Originaire de Mirabel, au nord de Montréal, c’est une fille particulièrement impulsive et violente, c qui lui vaut d’être placée en centre de jeunesse depuis trois ans. Alors qu’elle souhaite retourner vivre chez sa mère, cette dernière demande finalement à la juge de la maintenir placée. Requête incompréhensible pour Noémie qui, déterminée, décide de fuguer. Direction la métropole québécoise où elle rejoint Léa, une amie âgée de 18 ans qui traine avec une bande de délinquants. Elle fait la connaissance de Zach dont elle tombe rapidement amoureuse. Alors qu’ils sont officiellement en couple, ce dernier lui fait la proposition suivante : devenir escorte le temps d’un week-end, à l’occasion du Grand Prix du Canada de Formule 1. Noémie, malgré sa forte réticence, finit par accepter.
Noémie est une fille qui a une rage. La rage de ne pas être avec sa mère, une mère qui n’arrive plus à s’occuper d’elle, étant incapable de s’occuper d’elle-même ! Le centre de jeunesse, c’est une véritable prison pour elle. Noémie a besoin de liberté, de respirer et c’est en toute logique qu’elle prend la poudre d’escampette, direction Montréal, cette ville sans limites. Une ville qui lui correspond et dans laquelle elle n’étouffe pas.
Aussi lorsque Zach lui fait cette proposition indécente, elle ne comprend pas. Enfin si ! Elle comprend mais ne veut pas. Elle est amoureuse de lui et ne se donne qu’à lui. C’est avec une certaine malice et un cynisme certain que le jeune homme parvient à la convaincre. Faire l’escorte, juste trois jours, c’est, en échange la promesse de se barrer loin et définitivement. Cette envie couplée à la promesse d’un cash immédiat et rapide fait pencher Noémie.
C’est sans se douter de la réalité. Cette réalité, c’est la prostitution et elle est sordide. Noémie enchaîne les « prestations » et si pour Zach, « ce n’est que du cul », c’est bel et bien sa copine qu’il utilise comme une vulgaire marchandise, une machine à fantasmes. Cette réalité, elle est implacable, sans pitié pour Noémie. On a mal pour elle et une scène-clé du film nous rappelle assez brutalement qu’elle a beau avoir 15 ans et être éveillée sexuellement, elle reste une enfant avec des ressentis et des peines.
Film assez dur sans pour autant insupportable, Noémie dit oui n’est pas un long-métrage sur la prostitution d’une mineure mais sur une jeune femme qui se met en abîme. Un résultat saisissant au final et qui marque.
Noémie dit oui
Un film de : Geneviève Albert
Avec : Kelly Depeault, James-Edward Métayer, Emi Chicoine, Maxime Gibeault, Myriam DeBonville, Joanie Martel, Fayolle Jean Junior…
Pays : Canada
Genre : Drame
Durée : 1h56
Sortie : 26 avril
Note : 14/20