Certains films sont faits pour être (vite) oubliés, d’autres vont vous marquer à jamais et quelques-uns se distinguent par leur scénario ou encore le jeu d’acteurs. Ce sont souvent des films à petits budgets, qui ne sont pas moins des films sans ambitions et qui laissent tout le loisir de découvrir le travail d’un réalisateur ou d’une réalisatrice qui en fait à ses premières armes.
C’est justement le cas d’Emmanuelle Nicot qui nous raconte l’histoire de Dalva. Nous sommes non loin de Givet dans les Ardennes. Dalva a 12 ans et un soir sa vie bascule. Elle est retirée du domicile de son père et placée dans un centre pour mineurs. Pour elle, c’est une tout simplement incompréhensible d’autant qu’elle estime qu’elle n’a rien à y faire. Dalva a certes 12 ans, mais elle s’habille comme une femme, pense comme une femme, vit et se maquille comme une femme. Dans le centre, elle fait la connaissance de Samia, une autre ado au fort caractère. A ses côtés mais également sous l’œil de Jayden, son éducateur, Dalva va devoir apprendre à accepter la réalité et tout simplement retrouver l’enfance dont elle a été privée.
N’allons pas car quatre chemins, Dalva traite de manière concrète et franche mais avec une certaine pudeur, le thème de l’inceste et de ses conséquences. Pour la jeune fille, elles sont simples. Son père l’aime tout simplement, il la considère comme sa petite princesse et elle ne comprend pas que des personnes extérieures puissent l’arracher à lui. Ce sentiment est très marqué dès le début du film où Dalva ne pense qu’à une chose, s’en fuir de l’établissement et retrouver son père incestueux incarcéré.
Les « certitudes » de Dalva se brisent progressivement lorsque les éducateurs mais aussi la justice parviennent à lui faire comprendre que sa relation avec son père était loin d’être saine. C’est tous les repères et une façon de voir mais aussi de se comporter qui sont brutalement remis en question. Dalva, qui par « la force des choses » était au centre de l’attention, se retrouve son boussole. C’est surtout une fille de 12 ans qui doit apprendre à vivre comme une enfant de son âge, en clair vivre une enfance que son père lui a tout simplement volé.
Un cheminement qui est loin d’être évident ni même simple à emprunter mais qui en vaut la peine. Dalva passera par toutes sortes d’émotions mais elle ne sera pas seule. Samia, sa camarade, la comprend d’une certaine manière tout comme Jayden.
A l’image de l’affiche officielle, Dalva nous raconte l’histoire d’une film qui se reconstruit peu à peu, sortant du déni dans lequel elle avait été plongée, victime des manipulations de son père. Zelda Samson, 14 ans seulement, est tout simplement remarquable dans le rôle-titre et donne du caractère, de la force mais aussi de l’empathie pour cette jeune fille qui au fond, ne cherche qu’une chose : devenir (enfin) insouciante
Dalva
Un film de : Emmanuelle Nicot
Avec : Zelda Samson, Alexis Manenti, Fanta Guirassy, Maria Denarnaud, Jean-Louis Coulloc’h, Maïa Sandoz, Babetida Sadjo, Gilles David…
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h24
Sortie : 22 mars
Note : 16/20