Houria : Reconstruction(s)

Il y a un peu de plus de trois ans, j’avais découvert Papicha, un film marquant réalisé par Mounia Meddour qui racontait la volonté de Nedjma et de ses camarades de monter un défilé de mode, un pari fou et même une expression politique à l’époque où l’Algérie était aux prises avec les fondamentalistes musulmans. 

L’occasion pour moi de découvrir également Lyna Khoudri, l’actrice principale du film qui depuis confirme dans d’autres projets. En attendant de la retrouver le mois prochain de le premier volet du très attendu Les Trois Mousquetaires, elle collabore une nouvelle fois avec Mounia Meddour pour nous livrer une histoire tout aussi touchante et même en lien (d’une certaine manière) avec Papicha

Nous sommes à Alger. Houria est une prometteuse ballerine qui s’entraine assez dur pour rester au niveau, sous les yeux de Sabrina, sa chorégraphe mais également sa mère. La journée, et pour subvenir à ses besoins, elle est femme de ménage. La nuit, elle fait des paris clandestins. C’est dans l’un d’eux, alors qu’elle venait de gagner à loyale, qu’elle se fait violemment agresser par un dénommé Ali. Grièvement blessée, Houria voit ses rêves de danseuse s’envoler. Traumatisée, elle perd l’usage de la parole. Alors qu’elle entame une lourde et douloureuse rééducation, Houria fait la connaissance d’un groupe de femmes. Elles aussi ont connu un épisode lourd dans leur vie et presque toutes se murent dans le mutisme. A leur contact, Houria tente de se reconstruire mais aussi redonner un sens à sa vie. 

Comme je l’indiquais précédemment, Houria a un « lien » avec Papicha, celui de scruter la société algérienne entre aspirations, libertés mais aussi non-dit. L’un d’eux concerne la Guerre civile des années 1990 où l’État algérien avait dû faire face à la montée du terrorisme islamique. Une période qui a profondément marquée le pays et les Algériens et qui les marquent encore même vingt ans après la fin de cette époque particulièrement sanglante. Un détail important à évoquer car présent dans le film. 

Houria, en effet, a été agressée par Ali, un terroriste islamiste repenti qui a bénéficié des lois d’amnistie entrée en vigueur dans les années 2000. A une époque où l’Algérie cherche à tourner la page, on n’hésite pas à s’accommoder de certaines choses et tant pis pour les victimes, surtout si elles sont des femmes ! C’est le cas d’Houria bien sûr mais aussi de toutes celles qu’elles rencontrent lors de sa rééducation.

La danse devient alors un remède, le moyen pour Houria et ses amies d’infortune de relever la tête mais aussi de s’exprimer. Dans un pays où les perspectives semblent bouchées, où les jeunes à l’instar de sa meilleure amie rêvent d’étranger malgré le Hirak de 2019, danser c’est une façon de se reconstruire. 

Un film au final touchant et qui rayonne bien aidé par la prestation de Lyna Khoudri mais aussi de Rachida Brakni. Un long-métrage qui n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat, ce qui explique sans doute sa sortie toujours incertaine en Algérie. Espérons seulement qu’il ne finisse pas comme Papicha, à savoir interdit de diffusion (de facto) de l’autre côté de la Méditerranée. 

Houria

Un film de : Mounia Meddour

Avec :  Meriem Medjkane, Lyna Khoudri, Rachida Brakni, Marwan Fares, Ali Damiche, Francis Nijim…  

Pays : France

Genre : Drame

Durée : 1h38

Sortie : 15 mars

Note : 16/20

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