La magie du cinéma, c’est de découvrir des films indépendants qui n’ont pas de visibilité particulière, voire aucune publicité mais qui vaillent la peine d’être découvert, surtout si vous êtes détenteur d’une carte illimitée (vous n’avez pas trop à vous prendre la tête ^^)
C’est ainsi que je suis parti à la rencontre de Camille. Camille est une adolescente de 16 ans qui vit en Normandie. Enceinte de quatre mois et vivant dans un environnement dysfonctionnel, elle est placée sous ordre de la juge pour enfants dans un centre maternel, pour avoir tenté d’avorter hors délai, ce qui est illégal. Dans ce centre, elle se lie d’amitié avec les autres filles et notamment Alison, jeune mère à peine plus âgée que Camille mais immature. Au quotidien, elle est suivie par Nadine, une éducatrice spécialisée qu’elle juge comme autoritaire, dans la mesure où elle ne lâche pas d’une semelle. C’est pourtant dans ce contexte que Camille devra poursuivre sa grossesse, une grossesse qu’elle ne désire pas, tout en s’interrogeant sur son avenir et les futurs choix qu’elle devra faire et qui la pousseront, bon gré malgré, à l’âge adulte.
Pili Groyne. Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose mais c’est cette actrice belge qui a été choisi par Julie Lerat-Gersant – et que j’ai découvert en 2015 dans le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael avec Benoit Poelvoorde, Jeanne Moreau et Catherine Deneuve entre autres – pour incarner Camille. Camille est une jeune fille semblable à n’importe quelle ado dans les faits. Elle s’amuse à défier l’autorité des adultes, garde une certaine insouciance et semble surtout détachée de sa propre situation. Tombée enceinte par accident, elle considère son placement comme une injustice. Elle ne s’imagine pas d’être mère et encore moins le garder. Pour elle, c’est décidé, elle accouchera sous X et l’enfant (dont elle ne veut pas connaître le sexe) placé.
Une telle décision peut paraître brutale à première vue mais derrière celle-ci, se cache une certaine fragilité et des non-dits. Si Camille est très proche de sa mère, la relation qu’elle entretient avec elle n’en demeure pas moins toxique. Clo, comme on la surnomme, a eu Camille très jeune également et elle reste encore instable malgré la trentaine confirmée. Avec sa fille, c’est plus un rapport sœur/sœur qui prévaut en lieu et place d’un rapport mère/fille. Si elle a l’avantage de les unir, cela n’en demeure pas moins problématique, en particulier pour Camille qui a besoin d’un équilibre. Elle permet surtout d’éviter de poser certaines questions, des interrogations pourtant utiles voire essentielles pour l’adolescente qui doit franchir de nouvelles étapes à vitesse V et donc grandir un peu plus vite, par la force des circonstances.
Portée par une Pili Groyne touchante, Petites se veut réaliste et montrer les forces comme les faiblesses mais aussi le reste d’insouciance d’adolescentes qui sont dans un entre deux, ni tout à fait de jeunes filles mais pas totalement des adultes. Des filles-mères qui veulent malgré tout vivre leur jeunesse même si elles savent au fond qu’elle est en grande partie derrière elles et qu’elles doivent faire preuve de lucidité.
Petites
Un film de : Julie Lerat-Gersant
Avec : Pili Groyne, Romane Bohringer, Victoire Du Bois, Lucie Charles-Alfred, Suzanne Roy-Lerat, Bilel Chegrani…
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h30
Sortie : 22 février
Note : 15/20
Au ciné ce soir 