La Tour : Nihilisme(s)

Guillaume Nicloux est un cinéaste que je connais assez mal, je n’ai du que voir un ou deux films, sans doute sans savoir qu’il était le réalisateur. Un homme à l’univers assez particulier où peu (voire très peu) de place est laissée à la comédie. Non, c’est plutôt un univers sombre, voire sombre qui nous est promis, du moins dans son nouveau projet sorti en cette semaine cinématographique. 

Nous sommes quelque part en France, au cœur d’une cité, somme toute banale, somme toute sinistre. Un matin, les habitants – des gens sans histoire particulière – se réveillent effarés. Leur immeuble est recouvert d’un brouillard opaque, très opaque. Un voile noir s’est brusquement jeté sur la tour plongeant les habitations dans l’obscurité. Les fenêtres et portes extérieures sont obstrués et malheur à celui ou celle qui tenterait de quitter l’immeuble, l’étrange matière noire dévorant littéralement toute personne qui tente de la traverser. Très vite, les résidents s’organisent pour survivre et comprendre ce qui se passe. Cependant, des groupes se forment et tous retournent peu à peu à l’état de nature avec lui, les plus bas instincts de l’être humain, enfonçant un peu plus la tour dans le néant. 

Une tour qui sombre au sens propre comme figuré. Un scénario apocalyptique, anxiogène et assez malaisant, à défaut d’être vraiment flippant. C’est la recette que nous propose Guillaume Nicloux dans ce huis-clos pas vraiment réjouissant. C’est un peu la marque de fabrique du film qui est construit ainsi. Le voile noir signifie la fin de tout et le retour des instincts primaires. Piégés, les habitants de cette tour inventent une nouvelle société mais pas celle que l’on croit. La règle, c’est l’absence de règles justement. En réalité si ! Celle de la loi du Talion. Les communautés se forment littéralement (noirs, arabes et blancs sont séparés) et finissent par s’entretuer, plongeant un peu plus l’immeuble dans le nihilisme le plus abyssal. 

Dès lors, on se demande tout simplement si ce tableau ô combien très peu réjouissant n’est tout simplement pas une métaphore, un portrait acide de la France d’en bas, maladroitement qualifiée ainsi par l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, où chacun tente de survivre comme il peut, quitte à perdre tout sens de l’honneur et de l’humain. Une société dans laquelle dans laquelle, les pauvres sont en en guerre civile et sont tellement en déchéance qu’on se demande si ce voile noir n’est finalement pas la « meilleure chose » qui leur soit arrivée.

Avec un tel tableau, difficile d’apporter une once d’optimisme. C’est probablement l’effet recherché par Guillaume Nicloux, du début à la fin. Surtout à la fin, une fin brutale, incisive et tranchante, telle une guillotine. 

Le coup de grâce en somme ? 

La Tour

Un film de : Guillaume Nicloux

Avec :  Angèle Mac, Hatik, Ahmed Abdel Laoui, Kylian Larmonie, Merveille Nsombi, Nicolas Pignon… 

Pays : France

Genre : Épouvante-horreur, drame, fantastique

Durée : 1h29

Sortie : 8 février

Note : 12/20

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