Denis Ménochet est un acteur de plus en plus présent sur le grand écran. Un acteur impressionnant moins par sa carrure mais davantage par son jeu, un jeu particulier mais ô combien intéressant et qui fait que cela reste toujours un plaisir de le découvrir à chaque projet qu’il porte, tant la prestation est de qualité.
Les survivants n’échappent pas à règle et s’insèrent dans sa filmographie déjà bien fournie. Nous sommes non loin de Briançon. Samuel vit dans cette ville des Hautes-Alpes avec sa fille. Cet homme vit une situation difficile, il vient en effet de perdre sa femme, morte dans un accident de voiture. Pour faire face au deuil, il part s’isoler dans son chalet situé de l’autre côté de la frontière, côté italien. Dans le même temps, Chehreh, jeune femme afghane se rend à son chalet. C’est une réfugiée qui tente de traverser la montagne et rejoindre la France. Elle est à bout de forces et demande de l’aide. Samuel, bien que réticent, finit par accepter. Tous deux vont devoir s’unir s’ils veulent rejoindre Briançon, d’autant qu’à l’hostilité de la nature, s’ajoute celle de militants fascistes, bien décidés à ne laisser entrer Chehreh, et ce, par tous les moyens.
Samuel est un homme qui se remet difficilement, voire très difficilement de la mort de son épouse car s’estimant responsable. Son chalet, c’est une façon pour lui de s’isoler mais aussi de fuir une douleur qui le ronge. Aussi, lorsque Chehreh lui demande de l’aide, Samuel n’est pas trop réceptif, non pas parce qu’il éprouve de l’hostilité envers la réfugiée mais tout simplement parce qu’il n’est pas disposé à le faire. Samuel, qui plus est, n’est pas un héros et ne cherche pas à le devenir. Face à la situation des migrants, c’est un homme qui agit en spectateur, au sens propre comme figuré et qui d’ailleurs n’éprouve pas de sentiments particuliers envers la bande de jeunes militants identitaires qui patrouillent constamment la frontière.
C’est à l’approche de Chehreh que Samuel change progressivement d’attitude. Un changement de position qui n’est pas sans conséquences dans la mesure où il doit non seulement faire face à une nature hostile et inhospitalière mais également à des identitaires qui le sont tout autant et qui sont purement et simplement dans une chasse à l’immigré. Chasse est d’ailleurs le terme approprié dans la mesure où un jeu du chat et de la souris s’installe progressivement tout au long du film. Samuel et Chehreh sont clairement devenues des cibles à abattre et tous deux vont devoir faire preuve d’ingéniosité mais surtout de solidarité et de réalisme pour venir à bout de leur proie.
Malgré un rythme lent et le fait que j’ai quelques fois piqué du nez, Les survivants nous plonge en plein western au cœur des Alpes dans lequel la vie des deux protagonistes ne tient qu’à un fil. Une façon aussi de porter notre regard sur un homme ordinaire qui ne voulait pas d’histoire mais qui au final, trouve un nouveau sens à sa vie.
Les survivants
Un film de : Guillaume Renusson
Avec : Denis Ménochet, Zar Amir Ebrahimi, Victoire Du Bois, Oscar Copp, Luca Terracciano, Guillaume Pottier, Bastien Ughetto…
Pays : France
Genre : Thriller
Durée : 1h34
Sortie : 4 janvier
Note : 11/20