L’avantage de travailler dans une ville comme Nanterre, c’est son histoire, chargée et très diverse. Tous les matins, lorsque je prends les transports pour me rendre sur mon lieu de travail, je quitte tout d’abord la gare RER de l’Université et l’esplanade Patrice Chéreau pour passer ensuite non loin du théâtre des Amandiers, lieu de culture mythique, mondialement connu (et ce n’est pas une formule toute faite !)
Ce lieu de culture, c’est le sujet du nouveau film de Valeria Bruni-Tedeschi qui s’inspire de ses débuts dans cet espace. Nous sommes au milieu des années 1980. Stella, Etienne, Adèle et les autres ont tous un point commun : celui de devenir comédien et d’intégrer la prestigieuse école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans. La sélection est dure, elle est surtout sans pitié avec seulement douze retenus pour une centaine (voire plus) de candidats. Une fois le processus terminé, la jeune troupe apprend les ficelles du métier avec enthousiasme mais aussi réalisme. L’insouciance de leur vingt ans résistera, en effet, à la dure loi de la vie et du théâtre ?
Les Amandiers s’inspirent des souvenirs personnels de Valeria Bruni-Tedeschi, ancienne pensionnaire de l’école de théâtre située à Nanterre. L’institution est prestigieuse et constitue un rêve pour celles et ceux qui rêvent d’une carrière sur les planches et devant la caméra. C’est dans ce contexte que Stella, Antoine et leurs camarades auront la chance de se former aux côtés de deux grands metteurs en scène, aussi bien libertaires qu’exigeants.
Cette exigence, on la voit dès leur entrée aux Amandiers. Patrice Chéreau, incarné par Louis Garrel, est un homme qui pousse le plus souvent ses élèves dans leurs retranchements, n’hésite pas à leur dire ce qu’il pense (parfois de manière cassante). Comme il le dit lui-même, il ne se montre pas très démocratique, mais qu’importe ! du moment que la création est là. Une attitude qui ne semble pas trop effrayer les pensionnaires, bien au contraire. Être aux Amandiers, c’est beaucoup de boulot, mais c’est aussi une chance, celle de se produire dans ce théâtre qui propose quelque chose de différent, de plus moderne, voire de plus contestataire. En même temps, est-ce vraiment surprenant lorsqu’on sait que les Amandiers se revendiquent encore et toujours de l’esprit de mai 1968 ?
Douze pensionnaires qui, au fil des mois, se fréquentent et s’apprécient pour la plupart, le tout avec une certaine insouciance. Une insouciance qui se confronte brutalement à la face sombre des années 1985-86, celle de la drogue et des années SIDA. Une face sombre incarnée par Etienne, membre de la promotion mais toxicomane en sursis mais également par Patrice Chéreau et Pierre Romans qui pour tenir et maitriser autant d’énergie, ne carburaient pas au café !
Avec 2h06 au compteur, Les Amandiers ouvrent le journal intime de Valeria Bruni-Tedeschi et revient sur une époque qui, on le devine assez nettement, l’aura marqué. Un film agréable et sans fioriture.
Les Amandiers
Un film de : Valeria Bruni-Tedeschi
Avec : Nadia Tereszkiewicz, Sofiane Bennacer, Louis Garrel, Micha Lescot, Clara Bertheau, Vassili Schneider, Suzanne Lindon…
Pays : France
Genre : Comédie dramatique
Durée : 2h06
Sortie : 16 novembre
Note : 14/20