Faire un remake n’est jamais chose simple, tant c’est souvent à double-tranchant. En clair, ça passe ou ça casse et le rendu est le plus souvent, frustrant pour ne pas dire carrément décevant.
Aussi, lorsque James Huth s’est risqué à adapter Le Jouet, le film culte de Francis Weber, il fallait qu’il ait quelque chose de nouveau à raconter, qui se distingue de la version originale, tout en dénaturant pas cette dernière. Un exercice d’équilibriste qui n’est pas sans risques mais qui vaut la peine d’être tenté.
Nous sommes en banlieue parisienne. Samy, la quarantaine, est un homme du style débrouillard qui vit de petits boulots sur les marchés. Il vend notamment des théières plus ou moins illégalement. Il vit avec sa femme, Alice qui attend un heureux événement. C’est justement le fait que la famille va s’agrandir qui oblige Samy à se montrer plus raisonnable et à trouver un emploi stable. Il est donc engagé comme gardien aux Galeries Lafayette, propriété de Philippe Étienne, l’un des hommes les plus riches de France. Un jour, son fils unique, Alexandre, se rend au rayon jouet, entièrement privatisé pour lui, à l’occasion de son anniversaire. Le garçon jette son dévolu sur… Samy qui devient au sens propre comme figuré son nouveau jouet.
Adapté donc du Jouet de Francis Weber, Le Nouveau Jouet fait des clins d’œil à la version originale tout en réussissant à se démarquer. En effet, là où le long-métrage de 1976 se veut plus « sombre » voire cynique – on doit notamment cela à la performance de haut-vol de Michel Bouquet – le projet de James Huth est un peu plus « léger ». C’est du moins le sentiment que j’ai vu en comparant les deux films qui conservent toutefois des points communs notamment à travers le personnage du petit garçon. Alexandre (dans la version 2022) tout comme Éric (dans le film original) se comportent de façon capricieuse, hautaine et franchement insupportable, pour ne pas dire irrespectueuse envers notamment le personnel et sous le regard plus qu’indulgent du père. Un père qui, pris dans les affaires, ne consacre que trop de temps à sa progéniture, laissant ce dernier livré à lui-même.
Aussi, lorsqu’Alexandre décide de s’offrir littéralement Samy comme son nouveau jouet, cela pose bien évidemment question. Toutefois, cette lubie se cache une souffrance, celle d’un garçon qui vit mal la mort de sa mère mais aussi le fait que son père passe totalement à côté de lui. Un père qu’on pourrait penser comme sans-cœur, froid, voire insensible mais dont on devine qu’il s’agit d’une carapace. L’arrivée de Samy, même si elle est peu conventionnelle et qu’elle provoque à coup sûr un choc des cultures, constitue un tournant dans la vie d’Alexandre, ce qui ne l’empêchera pas de faire tourner en bourrique son nouveau jouet.
Là où Le Jouet se voulait plus « moral » (à savoir, est-ce qu’on peut tout acheter avec de l’argent ? ») le Nouveau jouet se veut plus actuel notamment sur la relation entre père et fils, une relation complexe et spéciale à la fois. Une nouvelle version qui prend le parti et le pari de l’humour bien aidé par un Jamel Debbouze plutôt convaincant.
Le nouveau jouet
Un film de : James Huth
Avec : Jamel Debbouze, Daniel Auteuil, Simon Faliu, Alice Belaïdi, Salim Kissari, Mostach Chari, Madhi Alaoui…
Pays : France
Genre : Comédie
Durée : 1h53
Sortie : 19 octobre
Note : 15/20