Sans filtre : miroirs et faux-semblants

Ruben Östlund est un OVNI pour moi. Enfin, j’exagère un peu. C’est un homme qui fait du cynisme l’alpha et l’oméga de tous ses sujets, une façon de dépeindre notre monde avec ses faux-semblants, des postures et nos contradictions qui, au bout du compte, finissent nous exploser à la figure. 

Snow therapy (2014) et The Square (2017) avaient montré la voie, le second s’étant même adjugé la Palme d’Or lors du Festival de Cannes. Sans filtre confirme que nous sommes bien dans cet ode au cynisme qui plait temps au réalisateur suédois. Tout commence à la Fashion Week. Carl et Yaya, lui mannequin et elle influenceuse y participent pour promouvoir un événement qui se veut sous le signe de la bienveillance et de l’égalité. C’est alors qu’ils sont invités dans un yacht pour une croisière de luxe. A bord, un riche oligarque russe et sa famille, un homme d’affaires fortuné et un couple de retraités britanniques qui a prospéré dans le commerce des armes de guerre. Une croisière comme toute tranquille qui tourne court lorsqu’une tempête inattendue remet en cause la sécurité comme le confort des passagers, inversant même les rapports de forces entre les présents. 

Le faux-semblant et l’apparat. C’est ainsi que débute le troisième film de Ruben Öslund qui se séquence en trois parties, toutes aussi importantes les unes que les autres. Carl et Yaya sont le symbole parfait d’une génération qui ne jure que par le nombre de vues et de « J’aime » sur Instragram, IG pour les intimes. C’est surtout vrai pour la jeune femme qui passe son temps à romancer sa vie et ses moindres faits et gestes sur son téléphone. Une photo par-ci, un snap par-là, une vidéo pour la route… Yaya gagne sa vie sur de l’apparat et du rêve, bien aidé par le filtre de son application. 

Aussi, lorsqu’ils débarquent dans le yacht pour cette croisière de luxe, ils ne se retrouvent pas tellement en terre inconnue, bien au contraire ! Là aussi, à bord tout est apparat et m’as-tu-vu. De l’oligarque russe qui fait comprendre qu’il s’est enrichi en vendant – je cite – « de la merde » à ce couple de retraités britanniques qui vous dit sans problème et avec aisance qu’ils profitent de leurs rente grâce aux armes qu’ils vendent, le spectateur voit devant lui des riches qui crânent, font la nique et font comprendre qu’ils sont bel et bien riches. 

Une belle vie remise en cause par cette tempête inattendue qui rend littéralement malade ces passagers fortunés. Un élément qui ne doit pas au hasard et qui montre nos chers riches et bien portants en déchéance. Face aux éléments, ils ne contrôlent rien et ne peuvent surtout se contrôler, ce qui donne des scènes cocasses mais parfois à la limite du regardable ! Une façon de dire qu’en l’absence de filtre, ils ne sont rien voire qu’ils deviennent vulgaires, que les riches et ultra-riches deviennent vulgaires. On sent que Ruben Östlund s’amuse avec un certain sadisme et ce n’est rien comparé à ce qui attend nos protagonistes par la suite ! 

Sans-filtre, même s’il n’a pas la force de The Square, reste comme je le disais dans la continuité du cinéma de Ruben Östlund, à savoir cynique et moqueur sur les comportements humains. Palme d’Or logiquement méritée malgré tout. 

Sans filtre (Triangle of Sadness) 

Un film de : Ruben Östlund

Avec : Harris Dickinson, Charlbi Dean Kriek, Woody Harrelson, Dolly de Léon, Zlato Buric, Jean-Christophe Folly… 

Pays : Suède

Genre : Comédie, Drame

Durée : 2h27

Sortie : 28 septembre

Note : 16/20

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