La cour des miracles : classe verte, mixité sociale

L’école de la République. Une expression souvent prononcée par nos chers responsables politiques pour signifier leur attachement aux principes et à une certaine idée de l’éducation mais aussi de l’enseignement… enfin sur le papier. 

Car vous l’aurez deviné, dans la réalité c’est plus souvent le système D qui prime, entre profs absents, moyens très limités et une direction académique aux abonnés absents. Ça c’est le quotidien de Zahia. Elle est la directrice de l’école Jacques Prévert, un établissement public de Seine-Saint-Denis qui est menacé par l’ouverture d’une autre école, publique elle-aussi mais qui, grâce au redécoupage de la carte scolaire va regrouper des enfants issus d’un nouvel écoquartier. Un écoquartier peuplé pour l’essentiel de bobos parisiens flairant la note affaire immobilière. Afin d’éviter ce qui serait une catastrophe pour son école et éviter l’exode massif de ses élèves, Zahia inspirée par l’initiative de Marion, institutrice fraichement débarquée de province, mais aussi en quête de mixité sociale a une idée plutôt culottée : créer la première école verte de banlieue. 

Cela ne saute pas tellement aux yeux mais La Cour des miracles fait un clin d’œil à l’actualité immédiate, celle où l’Éducation nationale a recruté en masse des contractuels peu voire pas du tout expérimentés afin de pallier le manque d’enseignants dans le secondaire. Zahia n’a pas tellement eu besoin de Pape N’Diaye pour aller dans cette même logique ! Jacques Prévert, c’est l’école de la débrouille, une école où la mixité sociale semble s’être faite la malle depuis longtemps et où face au manque chronique de moyens et de logistique, sans compter le manque de soutien manifeste de la hiérarchie, il n’y a pas d’autres solutions que de passer par Pôle emploi pour recruter des gens afin de leur demander de faire école à des gamins !

Alors lorsque Marion, fraichement convertie professeure des écoles, débarque à Jacques Prévert avec son idée de classe verte, Zahia est au départ circonspecte. C’est constatant toutefois l’enthousiasme et l’implication des élèves que la directrice décide de poursuivre l’expérience et même de défendre le projet mordicus. En effet, il s’agit bien plus de faire la promotion de la nature ou de faire naitre une conscience environnementale à ces enfants. La classe verte, c’est peut-être le moyen pour Jacques Prévert de se distinguer mais aussi d’attirer des familles plus aisées économiquement comme socialement autour d’un projet pédagogique novateur et qui ne concerne pas uniquement que les enfants de bobos. Encore faut-il que tout le monde suive et convaincre les plus sceptiques, en particulier les parents d’élèves de Jacques Prévert eux-mêmes, tout désireux d’envoyer leur progéniture dans la nouvelle école afin de retrouver les « petits blancs ».

Comédie divertissante et drôle, La Cour des miracles n’oublie cependant pas pourquoi il existe, c’est-à-dire pointer les contradictions d’une école publique qui organise sa propre concurrence en baissant les bras sur la mixité et en faisant preuve d’aucune ambition pour les quartiers. Face à cela, on a un personnel qui, face au désarroi des parents, et fidèles à notre devise républicaine, tente d’y croire encore. 

La Cour des miracles

Un film de : Carine May et Hakim Zouhani

Avec : Rachida Brakni, Anaïde Rozam, Disiz, Mourad Boudaoud, Gilbert Melki, Sébastien Chassagne, Léonie Simaga, Raphaël Quenard, Faïza Guène… 

Pays : France

Genre : Drame

Durée : 1h34

Sortie : 28 septembre

Note : 14/20

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