Emmanuel Mouret est un cinéaste que j’apprécie particulièrement et dont c’est toujours un plaisir de découvrir ses films. Le plus souvent, il parle de l’amour mais aussi et surtout des sentiments et des complexités qui vont avec, à l’image de la complexité des rapports humains. Ceci avec un mélange de pudeur, de tendresse et de bienveillance.
Tout commence à Paris. Charlotte et Simon se rencontrent lors d’une soirée. Charlotte a la quarantaine, elle est mère célibataire. Simon a la trentaine d’années, il est marié et père de famille. Malgré leurs oppositions (elle est fantasque, il est plus réservé), ils deviennent amants avec pour une seule règle d’or : se voir uniquement pour le plaisir (charnel) et rien d’autre. Un mode de vie qui leur convient jusqu’au moment où ils développent une relation de plus en plus complice. Une situation qui ne tardera pas à les mettre face à leurs contradictions.
Chronique d’une liaison passagère, c’est la réunion plutôt improbable de Sandrine Kimberlain et de Vincent Macaigne dans ce film qui se veut plutôt léger malgré son rythme lent. Un rythme néanmoins nécessaire et pertinent pour voir comment ce vrai-faux couple (ou ce faux-vrai couple) évolue au fil des semaines puis des mois. Charlotte est plutôt une femme entreprenante, qui n’hésite pas à dire ce qu’elle pense et à exprimer ses désirs comme à dire à Simon qu’elle lui plait et qu’elle aimerait lui faire l’amour. C’est tout le contraire de Simon, cet homme marié, timide et limite gêné mais qui n’est pas insensible au caractère rentre dedans de Charlotte.
Tous deux tombent rapidement d’accord. Pas de sentiments amoureux, on est là pour le plaisir. Le plaisir de la chair, mais aussi de se voir. Certains diront qu’il s’agit d’un sexfriendship ou d’une amitié améliorée mais ce n’est pas cela, c’est plus subtil. Simon et Charlotte s’offrent une parenthèse dans leur existence. Lorsqu’ils se voient, c’est leur moment à eux d’autant que ce moment peut être le dernier. Le contrat entre eux, c’est qu’il n’y a pas de contrat justement ! Donc, ils profitent de l’instant présent, le meilleur moyen de vivre cette liaison « sereinement » d’une certaine manière.
Toutefois, n’est-ce pas utopique ? Peut-on vraiment mener une liaison sur le long-terme uniquement basée sur le plaisir ? A cette question, Emmanuel Mouret ne répond pas, du moins dans l’immédiat, laissant le spectateur le soin de se faire son propre avis. De leur côté, Charlotte et Simon poursuivent leur relation. Cela n’a l’air de rien mais ils découvrent et s’apprécient de plus en plus… sans se douter qu’un élément inattendu viendra rabattre les cartes de leur liaison.
Film agréable, Chronique d’une liaison passagère n’est pas un ode à l’adultère mais sur l’histoire d’un homme et d’une femme dont le destin a voulu qu’ils se rencontrent et que cette rencontre n’est pas dû au hasard, avec son lot de surprises, d’aléas et d’illusions. Et si le véritable amour était celui qui était compté dans le temps et sans contraintes ?
Chronique d’une liaison passagère
Un film de : Emmanuel Mouret
Avec : Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scalliet, Maxence Tual…
Pays : France
Genre : Comédie, Comédie dramatique, Romance, Drame
Durée : 1h40
Sortie : 14 septembre
Note : 15/20