Le Tigre et le Président : joutes (politiques)

L’Histoire de France nous présente le plus souvent des femmes et hommes illustres qui ont marqué leur époque, en bien comme en mal. Toujours est-il qu’ils n’ont laissé personne indifférent. Cependant, il arrive aussi que des personnes illustres soient plus ou moins « effacées » ou qu’on ne le résume qu’à un fait, une anecdote, alors qu’ils sont bien plus que cela. 

Prenez le cas de Paul Deschanel. Nous sommes en 1920. Pierre Deschanel, président de la Chambre des députés (notre actuelle Assemblée nationale) décide de se présenter à la Présidence de la République. Malgré ses qualités de bosseur et intellectuelles, c’est un illustre inconnu notamment auprès du public. D’autant que face à lui se trouve Georges Clemenceau. Clemenceau, c’est l’homme de la Première Guerre mondiale, l’homme politique de premier plan qui a négocié le Traité de Versailles un an plus tôt. Naturellement, celui qu’on surnomme le Tigre pense que son heure est venue. Contre toute attente, c’est Deschanel qui s’impose. Deschanel veut réformer en profondeur le pays. Un soir pourtant, alors qu’il se rend à Montbrison en train, il tombe du wagon et disparaît subitement. Où est-il passé ? L’occasion est trop belle pour Clemenceau, plus ou moins en retrait de la vie politique, de faire son retour et se proposer comme éventuel recours. 

Des livres d’Histoire, on retient de Paul Deschanel une seule chose : c’est qu’il est tombé d’un train et qu’il a subitement disparu. Un peu court (tout comme son mandat à l’Élysée) pour résumer la vie et l’engagement d’un homme bien plus stratège et politique en réalité. Paul Deschanel est un idéaliste qui souhaite selon son expression « gagner la paix » dans un contexte le Traité de Versailles sert de prétexte pour faire payer cash (au sens propre comme figuré) aux Allemands la Première Guerre mondiale et ses conséquences. Le nouveau Président de la République estime qu’un tel texte aussi sec et punitif favorisera un esprit revanchard chez les vaincus tôt ou tard, texte qu’il combat en toute logique. En outre, Deschanel souhaite une transformation profonde de la société française en proposant l’extension du droit de vote aux femmes. 

Des propositions iconoclastes qui, sans surprise, ne passent pas notamment du côté de Georges Clemenceau. Partisan de la fermeté, il considère Deschanel comme un faible, un rêveur qui risque de faire perdre du temps à la France. Le pays a besoin d’un homme de prestige pour une fonction de prestige et c’est tout naturellement qu’il propose ses services aux parlementaires. 

Aussi lorsque Deschanel disparaît subitement alors que son mandat vient juste de débuter, on s’interroge. Est-ce la pression, le poids de la fonction ou simplement une certaine désillusion sans oublier les coups bas et autres « arrangements » qui font que le président de la République peine à imposer ses idées, plongeant progressivement dans une certaine paranoïa ? 

Réalisé par Jean-Marc Peyrefitte, Le Tigre et le Président rend hommage à un ancien locataire de l’Élysée totalement oublié du grand nombre dont le seul « tort » fut d’avoir été visionnaire un peu trop tôt sur des sujets de société. Avec un Jacques Gamblin remarquable et un André Dussollier tout simplement méconnaissable en Clemenceau, c’est une partie centenaire de notre Histoire qui nous est contée et qui fait écho à notre histoire politique actuelle sur certains points précis. 

Le Tigre et le Président

Un film de : Jean-Marc Peyrefitte 

Avec : Jacques Gamblin, André Dussollier, Christian Hecq, Anna Mouglalis, Cyril Couton, Lola Naymark, Astrid Whetnall…

Pays : France

Genre : Comédie, Historique

Durée : 1h38

Sortie : 7 septembre

Note : 15/20

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