Revoir Paris : ode à la résilience

Parler d’un attentat n’est jamais simple sur petit comme grand écran. Ça l’est encore moins simple lorsqu’il s’agit évoquer l’une des attaques les plus meurtrières que notre pays ait connu depuis près de trente ans, même si le 13 novembre n’est pas explicitement référencé. Pour ce faire, il faut trouver un équilibre entre empathie, légèreté mais aussi moments plus douloureux, plus réalistes. Une équation pas simple mais qu’Anne Winocour a, il me semble, réussi à résoudre. 

Nous sommes à Paris. Mia, traductrice à France Culture, se pose un soir dans une brasserie. Il y a foule à l’intérieur, elle est assise d’un homme, Thomas, qui fête son anniversaire avec des amis. Alors qu’elle s’apprête à rentrer, un groupe djihadiste débarque et ouvre le feu. Mia est prise au piège mais s’en sort, blessée. Trois mois après, elle ne souvient que très partiellement des circonstances de cet horrible attentat. Elle entreprend alors un travail de reconstitution afin de savoir ce qui s’est passé, mais aussi être en paix avec elle-même et pourquoi pas, retrouver le chemin du bonheur. 

Comment survivre à un attentat et surtout comment se reconstruire ? Personne n’a de réponse à cette question, ni même celles et ceux qui ont subi cette horrible tragédie. Pour les victimes mais aussi leurs proches, il y a un avant et un après. On sait que plus rien ne sera tout à fait comme avant, que l’attaque qu’on a subi, a laissé et laissera encore des traces. Aussi, il n’y a pas d’autres choix que de se reconstruire, afin d’extérioriser. 

Mia s’inscrit, comme l’ensemble de ses compagnons d’infortune, dans cette démarche longue, pesante et douloureuse. Toutefois, comment y parvenir quand votre mémoire connaît un black-out ? Mia a beau revenir à l’Étoile d’Or, la brasserie où l’attentat djihadiste a eu lieu, mais il lui manque des éléments. C’est pourtant indispensable pour qu’elle reconstitue minute par minute ce qui s’est passé, afin de comprendre. 

Toutes les victimes n’ont pas le même rapport à l’attentat néanmoins, ce qu’Alice WInacour présente avec justesse à travers différents personnages secondaires. Victimes mais aussi proches de ces derniers, chacun d’entre eux à une relation particulière, spéciale voire intime à l’attentat et donc, une façon bien à lui ou elle de l’évoquer. On trouve pêle-mêle la présidente de l’association des victimes mais aussi une jeune femme qui a perdu ses parents dans le drame sans oublier Thomas. Thomas, un homme d’une quarantaine d’années, assez bon vivant et qui tente d’affronter cette tragédie avec philosophie. Certains diront que c’est une fuite en avant mais c’est aussi un moyen pour lui de se protéger, pour mieux rebondir. 

Malgré son rythme lent, Revoir Paris est tout simplement un film puissant qui réussit le tour de force de faire référence aux attentats du 13 novembre avec une certaine pudeur. Une pudeur incarnée et portée par Virginie Efira tout simplement remarquable, et bouleversante mais également un Benoit Magimel en rôle de soutien efficace. 

Un film qui ne vous laisse pas indemne et qui malgré tout, fait le pari de l’espoir. L’espoir, un puissant remède ! 

Revoir Paris

Un film de : Alice Winocour

Avec : Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin, Maya Sansa, Amadou Mbow, Dolores Chaplin, Sofia Lesaffre… 

Pays : France

Genre : Drame

Durée : 1h43

Sortie : 7 septembre

Note : 18/20

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