S’occuper de jeunes en difficulté est un sacré défi, en temps normal. Il l’est encore lorsque vous êtes responsable d’une traversée en mer et pour ne rien arranger – sinon cela serait trop facile autrement – vous devez cohabiter avec un capitaine, plus ou moins ronchon.
C’est précisément ce qui arrive à Alex et Stéphanie. Tous deux responsables d’une structure basée à L’Haÿ-les-Roses, non loin de Paris, ils emmènent cinq jeunes dans un bateau en Méditerranée. Cinq ados déscolarisés qui, durant ces quinze jours de traversée, doivent réapprendre les règles du vivre ensemble, à travers les valeurs et principes de la mer. Une tâche bien ambitieuse qui devient très vite une mission quasi-impossible lorsqu’Alex et Stéphanie font la connaissance de Riton. Riton n’est pas seulement le capitaine du bâteau, c’est surtout un ancien flic qui a longtemps officié en banlieue parisienne et qui a justement fui les cités sensibles pour passer à autre chose. Autant dire qu’il n’est vraiment pas ravi d’officier ce voyage, tout comme nos quatre ados. Toutefois, ils devront par la force des choses, apprendre à se connaître, étant donné qu’ils sont dans la même galère.
Les relations entre les jeunes et l’autorité, un classique de notre cinéma qui est de nouveau exploité dans ce film qui réunit Alban Ivanov et Lucien Jean-Baptiste. Il faut dire que tout part sur des mauvaises bases, entre Riton qui affiche ostensiblement son hostilité à ce qu’il considère comme de la racaille et les cinq ados qui ne souhaitent pas vraiment passer quinze jours en mer avec un ancien flic qui ne porte pas la banlieue dans son cœur et qui leur affiche pratiquement aucun respect. Cette opposition tenace n’est pas nouvelle en soi, c’est l’image que se renvoie la police et les jeunes (de cité), deux mondes qui ne connaissent pas et qui ne s’apprécient pas, voire se détestent par principe. C’est aussi une vision des choses totalement opposée. Si Stéphanie voit en Riton, un ex-dépositaire de la loi, rempli de préjugés et de formules toutes faites sur la banlieue, ce même Riton estime que les méthodes de Stéphanie et d’Alex sont tout sauf utiles pour instaurer l’ordre et le respect aux jeunes, faisant que ces derniers se croient tout permis.
Par la force des choses et comme il n’y a pas le choix de toute façon, tout ce petit monde va devoir cohabiter et même coexister durant cette quinzaine, un sacré défi dans un espace si restreint, en pleine mer. Toutefois, cette expérience c’est aussi l’occasion pour Riton comme pour Rayane, Sam, Léa, Madhi et Polo de mettre de l’eau dans leur vin et faire progressivement un pas vers l’autre. En effet, derrière des caractères bien trempés se cachent des histoires secrètes et des blessures profondes. Une fois mises à jour, les certitudes et avis définitifs des uns et des autres sont remises en question, faisant prendre à cette traversée de la Méditerranée, une autre tournure et une expérience tout autre.
Avec un bon rythme et un bon scénario, La Traversée fait rire mais pas que. C’est une leçon de vie qui nous est proposée et tant pis si le message peut paraître bateau (le jeu de mots n’était pas volontaire ^^’) du moins convenu, c’est ce qui constitue même la force du film à mon sens.
La Traversée
Un film de : Varante Soudjian
Avec : Alban Ivanov, Lucien Jean-Baptiste, Audrey Pirault, Moncef Farfar, Thilla Thiam, Lucie Charles-Alfred, Mamari Diarra, Enzo Lemartinet…
Pays : France
Genre : Comédie
Durée : 1h49
Sortie : 29 juin
Note : 16/20