Les rapports femmes/hommes ont toujours été complexes, pour ne pas dire compliqués, et ce depuis la nuit des temps, je ne vous apprend pas grand-chose. D’autant que depuis que #Metoo et #BalanceTonPorc sont passés par là, il y a toute une logique à revoir, du moins à interroger, avec parfois quelques surprises.
Monia Chokri s’est faite cette réflexion dans son nouveau film justement. Nous sommes quelque part au Canada, non loin de Montréal. Cédric, ingénieur de 42 cans et jeune papa, assiste à un match de boxe. Tout content de la victoire de son champion, et visiblement bien alcoolisé, il embrasse de force Chantal Tremblay, une journaliste. Ce qu’il pensait être une blague potache sans conséquence se transforme en mauvais buzz. L’affaire fait le tour des médias, fait rage sur Internet, Jean-Michel, son frère journaliste s’en mêle et Cédric est immédiatement mis à pied. Une nouvelle qui n’enchante pas tellement sa femme, Nadine, en plein baby blues. C’est alors qu’Amy fait irruption. Amy a 21 ans et très jolie. Elle a été engagée par Cédric pour s’occuper de sa fille. Son arrivée et sa présence au quotidien ne passeront pas inaperçues au moment où Cédric, aidé de son frère, entreprend d’écrire un livre sur lequel il revient sur sa misogynie et dans lequel il compte bien se racheter… vaille que vaille.
L’affaire Weinstein et les autres scandales qui se sont enchaînés par la suite auront eu le mérite de nous interroger sur notre façon de concevoir les rapports femmes/hommes, en particulier dans le prisme de la séduction mais également du consentement. Cédric n’est pas un mec qu’on pourrait qualifier de bourrin ou – pire – imagine les relations avec la gente féminine dans la domination bête et méchante. Pour lui, c’est une joke, comme diraient nos cousins québécois, et avoir embrassé Chantal sur la joue, c’était juste de la déconne et encore moins une agression sexuelle. Une vision des choses que ne partage absolument pas son frère. Pour Jean-Michel, qui s’assume clairement comme féministe, le geste de Cédric est tout simplement mal et il doit en tirer les conclusions, en se remettant en question.
L’arrivée d’Amy rend les choses beaucoup plus complexes. Amy est une femme insouciante, un peu fofolle, ce qui contraste avec la vie de famille de Cédric et de Nadine qui doivent gérer le quotidien et l’éducation de leur fille. Amy est belle, elle en joue (même involontairement) et elle est l’opposée de Nadine qui après être devenue mère, se demande si elle est toujours femme. C’est dans ce contexte que les certitudes des uns sont remis en question, pour ne pas dire en contradiction notamment celles de Cédric mais également celles de Jean-Claude.
Avec quelques références ci et là – je pense notamment aux pétales de coquelicots qui m’ont fait penser à American Beauty – Babysitter nous propose une nouvelle grille de lecture dans les rapports femmes/hommes où il semble acté que les règles du jeu ont changé, du moins sont fortement contestées. L’occasion de « dénoncer » les faussaires, ceux qui s’emparent d’un combat qui n’est pas (forcément) le leur ou qui pensent que c’est leur combat, au pire d’en faire un (peu) trop, même si on part d’une bonne intention. Malgré un rythme inégal, le film de Monia Chokri garde de sa pertinence.
Babysitter
Un film de : Monia Chokri
Avec : Patrick Hivon, Monia Chokri, Nadia Tereszkiewicz, Steve Laplante, Hubert Proulx…
Pays : Canada
Genre : Comédie
Durée : 1h28
Sortie : 27 avril
Note : 13/20