Laure Calamy continue son bonhomme de chemin dans le cinéma français au point de s’y installer durablement, c’est du moins l’impression que cela me donne, une impression qui se confirme de films en films, notamment lorsqu’elle campe des rôles plus mélancoliques, voire dramatiques.
Nous sommes en Bourgogne, non loin de l’Ile-de-France. Julie est divorcée, mère de deux jeunes enfants. Elle travaille en tant que première femme de chambre dans un palace parisien. Tous les jours, elle fait la navette entre sa campagne et la capitale, partant tôt le matin, revenant tard le soir, juste à temps pour récupérer ses gamins chez la voisine qui fait office de nounou. En temps normal, le trajet reste fastidieux. Il devient infernal lorsqu’éclate une grève dans les transports. Julie n’a pas le choix, elle doit aller travailler. Les choses se compliquent lorsque le mouvement de grève se prolonge et que cela a une conséquence pour son travail. Toutefois Julie a décroché un entretien pour un poste qui correspond à ses qualifications, ce qui pourrait changer la donne… ou pas.
L’interconnexion n’est plus assurée, c’est une expression utilisée dans les transports parisiens en temps de grève lorsque les usagers du RER A ou B devaient changer de train ou partir d’une autre gare pour rejoindre le réseau SNCF ou RATP. Pour Julie, l’interconnexion, c’est purement et simplement un train qui lui permette d’être à l’heure à son travail. Un job alimentaire qu’elle apprécie vaguement mais qui lui permet de payer son crédit immobilier et subvenir aux besoins de ses enfants, du moins en théorie. En effet, dans la pratique, Julie cumule les galères. Son ex-mari est aux abonnés absents dans l’éducation des enfants et la pension alimentaire, sa banque la harcèle régulièrement en raison des traites de la maison et de son découvert et sa voisine lui fait clairement comprendre que cela devient de plus en plus difficile pour elle de garder ses gamins. Aussi, lorsqu’éclate cette grève dans les transports, Julie doit tout simplement gérer cette galère supplémentaire, elle sait surtout qu’elle ne peut se permettre de perdre ce boulot, même si elle est sur le viseur de sa supérieure.
Le poste de chargé de mission d’études économiques auquel elle a postulé pourrait être sa bouée de sauvetage, l’espoir d’une bien meilleure vie. Un espoir qui, comme tout le reste, est conditionné à cette grève de transport, cette grève qui l’oblige à jouer un grand numéro d’équilibriste dans tous les domaines. Elle n’a pas le choix, Julie passe son temps à courir, au sens propre comme au sens figuré et le spectateur se demande comment elle arrive à tenir malgré la pression et surtout si elle ne risque pas de craquer.
A plein temps, de par son atmosphère et son ambiance se vit tel un thriller avec sa part de suspense. On est très vite pris dans le quotidien, somme toute banal, de Julie mais qui est la réalité de bon nombre de nos compatriotes, de nos compatriotes femmes. Celles qui sont à la tête d’une famille monoparentale, qui connaissent la précarité, la galère et qui, en raison de leur profession, ne peuvent télétravailler, encore moins se permettre d’arriver en retard. Ce sont ces femmes qu’incarne Laure Calamy avec force et justesse, rendant le film plus que pertinent.
A plein temps
Un film de : Eric Gravel
Avec : Laure Calamy, Anne Suarez, Geneviève Mnich, Cyril Gueï, Nolan Arizmendi, Sasha Lemaitre Cremaschi, Lucie Gallo, Agathe Donne…
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h28
Sortie : 9 mars
Note : 16/20