Alain Guiraudie est un réalisateur dont le nom ne vous dira peut-être pas grand-chose mais dont le cinéma est particulier, voire très particulier. J’en avais déjà eu l’impression avec ses deux précédents long-métrages, L’inconnu du lac, sorti en 2013 et Rester vertical, à l’affiche trois ans après. Des long-métrages un peu sombres avec des personnages principaux plus ou moins fragiles, plus ou moins perdus sans oublier, une part non négligeable accordée au sexe, parfois sous sa forme la plus explicite, sans tomber dans le vulgaire ou le pornographique.
Viens je t’emmène n’échappe pas à la règle. Nous sommes à Clermont-Ferrand à la veille de Noël. Médéric, un trentenaire et célibataire. Un jour, il croise Isadora. Isadora est une prostituée, c’est ce qu’on appelle, une femme d’âge mûre. Médéric en tombe immédiatement amoureux, oubliant néanmoins un détail Isadora est mariée à un homme particulièrement possessif. Alors qu’il passe la soirée avec elle dans un hôtel, un attentat se produit dans le centre-ville. En rentrant chez lui, il tombe sur un sans-abri, Selim. Dans le même temps, la police recherche un homme impliqué dans les attaques terroristes. Une paranoïa collective s’installe alors progressivement dans l’immeuble de Médéric.
Une hystérie collective, c’est un peu ce qu’on pourrait penser lorsqu’on déroule au fur et à mesure, le long-métrage d’Alain Guiraudie, film dans lequel, l’absurde n’est jamais loin comme pour nous rappeler l’incongruité de certaines situations. C’est notamment le cas lorsque Selim cherche un refuge alors qu’un attentat bien de frapper la capitale auvergnate. Tout de suite, ce jeune homme est vu comme un suspect, les voisins se méfient et Médéric fait dans la délation. C’est sur, avec sa tête de métèque (pour reprendre les paroles de Georges Moustaki), il est forcément une menace !
Médéric n’est pourtant pas raciste. Il est, comme l’ensemble de ses voisins, plongé dans cette paranoïa qui vous faire n’importe quoi et surtout vous faire perdre tout raisonnement logique. C’est également ce manque de logique qui le pousse à tenter le tout pour le tout avec Isadora, cette femme mûre dont il est éperdument amoureux. Il ne l’a rencontré qu’une seule fois mais cela suffit pour qu’il s’oppose à son mari, tel un sauveur.
Cette paranoïa, cette hystérie collective, c’est une métaphore de la société, notre société qu’Alain Guiraudie a voulu dépeindre. L’étranger, c’est celui qui veut vous (grand) remplacer, celui qui vient (forcément) souiller nos femmes, voire nos enfants. C’est un peu tiré par les cheveux mais cela suffit pour alimenter les suspicions à l’égard de Selim mais également d’autres protagonistes.
Viens je t’emmène est un film assez WTF mais qui curieusement se regarde et doit se comprendre par l’absurde pour mieux l’apprécier… ou pas !
Viens je t’emmène
Un film de :Alain Guiraudie
Avec : Jean-Charles Clichet, Noémie Lvovsky, Iliès Kadri, Michel Masiero, Dora Tillier…
Pays : France
Genre : Comédie
Durée : 1h40
Sortie : 2 mars
Note : 12/20