La politique ! Vaste sujet et surtout vaste monde plus ou moins obscur avec ses engagements, ses réalisations, ses hommes et femmes politiques, mais aussi les compromis, les compromissions sans oublier les coups bas divers et variés. Un monde dans lequel agissent également ces femmes et hommes de l’ombre, le conseiller, le collaborateur de l’élu, celui ou celle qui connaît son ministre, parlementaire ou maire comme sa poche !
La relation entre Clémence et Yazid est d’ailleurs très éclairante sur ce sujet. Clémence Collombet est maire d’une ville de Seine-Saint-Denis depuis de nombreuses années. Avec son directeur de cabinet, Yazid Jabbi, elle se bat pour sauver de la ruine (au sens propre comme figuré) et des marchands de sommeil, la cité des Bernardins, une copropriété dégradé. Ce dossier est d’autant plus important qu’elle l’a décidé : elle ne se présentera pas aux prochaines élections, Clémence ayant décidé de transmettre le flambeau à Naidra sa première adjointe. Toutefois, elle est approchée par l’équipe du Premier ministre pour rentrer au gouvernement. Une proposition qui pourrait changer la donne, d’un sens comme de l’autre et qui met Clémence face à sa cohérence mais aussi ses contradictions.
La politique est, comme je vous le disais en introduction, un monde bien particulier et je suis bien placé pour le savoir, officiant comme collaborateur d’élus au sein d’une collectivité territoriale. Clémence et Yazid forment un vieux couple, toute proportion gardée. Yazid, c’est le plus proche collaborateur de Clémence, il la connaît (presque) parfaitement, il sait comment elle pense, il peut surtout lui dire ces quatre vérités sans (trop) risquer de prendre la porte et pour cause ! Pour Clémence, Yazid est quelqu’un de précieux, c’est lui qui sert de lien, de connexion entre la mairie et les administrés, il soit s’assurer du service après-vente mais aussi expliquer la stratégie de la municipalité.
Aussi, lorsque la question de l’avenir des Bernardins se pose, Clémence sait qu’elle est attendue au tournant par des copropriétaires qui depuis des années, ne savent plus vers qui se tourner pour évoquer l’état de leurs logements ou des parties communes. Une véritable course contre la montre s’engage pour Clémence mais aussi Yazid qui doit rencontrer les bonnes personnes, mais également (et surtout) rassurer, expliquer, se montrer pédagogue envers ses concitoyens.
Des concitoyens de plus en plus exigeants mais également méfiants envers les responsables politiques tant les promesses ont durant longtemps tenu que celles et ceux qui les croient, comme le disait si bien Charles Pasqua ! Clémence le sait et elle veut partir une belle note. Par convictions bien sûr, par égo surement, ce qui est le propre de tout élu politique. Toutefois, cet engagement peut-il être tenu alors qu’elle est pressentie pour entrer au gouvernement ? Surtout, jusqu’où est-elle prête pour respecter sa parole… ou la renier ?
Malgré quelques longueurs ci et là, Les Promesses dépeignent assez bien les coulisses du monde politique local, échelon le plus proche mais aussi le moins bien connu des Français. Un hommage aussi à ces conseillers de l’ombre, ces collaborateurs d’élus (conseiller technique, conseiller politique, collaborateur de groupe politique, chef de cabinet, directeur de cabinet…) ont il n’est pas toujours simple d’expliquer leur métier, ce que Thomas Kruithof réussit à décrire avec justesse.
Les promesses
Un film de : Thomas Kruithof
Avec : Isabelle Huppert, Reda Kateb, Naidra Ayadi, Soufiane Guerrab, Laurent Poitrenaux, Hervé Pierre…
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h38
Sortie : 26 janvier
Note : 15/20