Nahuel Perez Biscayart. Celles et ceux qui n’ont pas encore entendu parler de lui n’ont probablement pas dû voir 120 Battements par minute, le film qu’il l’a révélé en 2017 et dans lequel, il incarnait Sean, un jeune militant homosexuel d’Act Up Paris particulièrement en première ligne, voire vindicatif.
Cinq ans et quelques films plus tard, dont une prestation remarquable et remarquée dans Au-revoir là-haut, l’acteur argentin (au français impeccable) revient dans une histoire aussi halentante que dure. Nous sommes en 1942. Gilles, fils d’un rabbin a fui Anvers et la Belgique pour tenter de rejoindre la Suisse via l’Italie. Il est cependant pris dans une rafle. Alors qu’il est sur le point d’être exécuté, Gilles prétend qu’il n’est pas de confession juive mais qu’il est un perse du nom de Reza. Un détail qui n’échappe à l’officier Koch. Ce dernier, qui gère la logistique dans un camp de transit, cherche quelqu’un parlant le farsi, ayant pour projet de rejoindre l’Iran et Téhéran à la fin de la guerre. Gilles est donc sollicité par Koch et sauve, par la même occasion, sa peau grâce à son mensonge. Pour combien de temps ?
Mentir peut, dans certains cas, vous sauver la vie. C’est précisément ce qui arrive à Gilles qui, en échappant à un destin funeste, évite le pire en se faisant passer pour un Perse alors qu’il n’a jamais mis les pieds en Iran et qu’il connaît encore moins la langue. Comment faire cependant pour enseigner le farsi à un officier allemand particulièrement méfiant ? Gilles invente alors des mots, en permanence, dans un contexte très anxiogène, celui d’un camp de transit aux conditions particulièrement dures. Gilles est littéralement en survie et ne doit son salut qu’à un homme qui, croit-il, apprend le farsi pour une raison bien particulière.
Une relation particulière se noue alors entre l’officier allemand et le fils de rabbin juif. Ils ont, tous les deux, besoin de l’autre, même si l’officier Koch se montre tout particulièrement sadique à certains moments. De son côté, Gilles comprend que sa survie passe par cette langue, ce faux farsi qu’il invente de toute pièce. C’est son assurance-vie et doit redoubler d’efforts afin de ne pas éveiller les soupçons, d’autant que les mots qu’il fabrique ont, en réalité, un sens bien plus précis qu’on ne le pense, ce qui ne manque pas de dérouter le spectateur au final.
Film marquant malgré son côté anxiogène, porté par un Nahuel Perez Biscayart tout simplement remarquable, Les leçons persanes détonnent avec son final qui l’est tout autant. Comme si, derrière un mot, même inventé, se cache un but tout autre : la mémoire.
Les leçons persanes (Persischstunden)
Un film de : Vadim Perelman
Avec : Nahuel Perez Biscayart, Lars Eidinger, Jonas Nay, Alexander Beyer, Leonie Benesch, Lola Bessis…
Pays : Allemagne/Russie
Genre : Drame, Guerre, Historique
Durée : 2h08
Sortie : 19 janvier
Note : 16/20