Laure Calamy s’installe tranquillement dans le cinéma hexagonal, ce qui me laisse de moins en moins indifférent. Femme fantasque et atypique, elle tisse sa toile, bien capable d’incarner des personnes fortes, un peu bordéliques comme fragiles mais courageuses. Son nouveau projet ne déroge pas à la règle.
Nous sommes à Strasbourg. Marie a 37 ans et se prostitue depuis ses 17 ans. Elle considère cela comme un métier qui lui laisse une certaine liberté même si cela n’est pas facile tous les jours. C’est d’autant plus vrai que son fils, Adrien, 17 ans est en échec scolaire. Il se fait exclure de la plupart des établissements qu’il fréquente et passe la plupart du temps de ses journées à se lever très tard. Adrien est cependant un passionné de cuisine. Mieux, il est doué, voire très doué. Lorsque sa mère découvre une école dans laquelle il pourrait exprimer ses talents, l’espoir est permis. Un espoir de courte durée puisque pour rentrer dans cette école, Adrien doit débourser des frais de scolarité particulièrement élevés. Consciente de l’importance de cette formation pour son fils et souhaitant à tout prix qu’il trouve enfin sa voie, Marie fait tout de son possible pour lui payer ses études, quitte à multiplier les heures de tapin, d’autant qu’elle n’a pas vraiment le choix : si d’ici mi-décembre les frais d’inscription ne sont pas réglés, Adrien ne sera pas accepté.
Marie est une travailleuse du sexe qui aime son travail. Très active, elle milite dans une association qui défend les intérêts des prostituées notamment en ce qui concerne leurs conditions de travail. Si le métier a évolué et qu’il est devenu plus concurrentiel en raison de la présence des filles issues d’Afrique subsaharienne (et notamment du Nigeria) et leurs tarifs deux fois moins cher, Marie ne se sent pas honteuse. Elle fait ce métier, elle l’assume.
Cependant, Marie est aussi une maman célibataire qui voit son fils progressivement dériver. Adrien est, en effet, fâché avec l’école et il passe le plus clair de son temps à ne rien faire de sa journée. Marie fait de son mieux pour maintenir son fils unique à flots. Si elle se prostitue par nécessité, elle se soucie de l’avenir de son enfant, comme le ferait n’importe quelle mère au passage. Aussi, lorsque ce dernier est accepté dans la prestigieuse école de cuisine, Marie n’a qu’un but : rassembler les fonds nécessaires comme pour prouver qu’elle est digne de son fils. Marie n’a que cette obsession en tête, elle qui craint qu’Adrien ne gâche sa vie, comme elle a gâché la sienne. Une façon pour elle de e racheter mais aussi retrouver une considération qu’elle pense ne pas mériter.
Avec près d’1h40 au compteur, Une femme du monde met en lumière et en valeur un personnage principal à la fois touchant, mais surtout digne. Digne en toutes circonstances même lorsque Marie vend ses charmes. Peu importe pour elle, en effet, ce qui compte c’est que son fils ait un avenir. Une Marie incarnée avec justesse et force par Laure Calamy, tout simplement impressionnante dans ce rôle pas si facile.
Une femme du monde
Un film de : Cécile Ducrocq
Avec : Laure Calamy, Nissim Renard, Béatrice Facquer, Romain Brau, Diana Korudzhiyska Amlan Larcher, Valentina Papic, Sam Louwyck
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h37
Sortie : 8 décembre
Note : 16/20