J’aime bien le cinéma iranien. Il est assez particulier et il faut avoir un certain courage pour aborder certains sujets quand on connaît la situation politique de l’Iran, surtout depuis quelques années. En cela, il y a toujours une démarche militante qu’il convient de soutenir et d’amplifier. Le Pardon n’échappe pas à la règle.
Nous sommes à Téhéran. Mina est une femme qui vient de connaître un drame. Son mari, condamné à la peine capitale, a été exécuté. Une situation particulièrement pénible pour la veuve au point qu’elle n’ose pas révéler la vérité à sa fille. Un an après, un improbable et triste coup de théâtre se produit : les autorités lui annoncent que son mari était en réalité innocent. Si une réhabilitation est en vue, cela n’atténuera en rien la peine de Mina. C’est en toute logique que cette dernière réclame des comptes du côté de ceux qui ont scellé le destin de son mari. Au même moment, un homme, du nom de Reza, vient à la rencontre de Mina. Il prétend avoir connu son mari et qu’il a une dette envers lui. Reza se rapproche progressivement de Mina, ce qui soulève quelques interrogations.
Le Pardon, c’est l’histoire d’une double-peine. Celle d’une femme qui doit vivre à la mort de son mari tout en apprenant la triste et effroyable vérité. Double-peine donc pour Mina qui doit assurer l’éducation de sa fille et qui peine réellement à obtenir justice, d’autant que dans le même temps, les autorités font preuve d’une indifférence polie, voire un cynisme clairement assumé face à ses revendications. Elles sont bien sur désolé mais c’était après tout, la volonté de Dieu et on ne peut rien n’y changer, en clair « circulez, y’a rien à voir ! ».
Devant un tel mur, Mina se trouve sans réponses et sans véritable allié. La femme de son propriétaire lui fait comprendre que c’est peine perdue, pire elle n’est pas vraiment d’une grande aide, bien au contraire ! Son beau-frère est toujours sur la même ligne au point de remettre en cause ses capacités à élever correctement sa fille. Aussi lorsque Reza débarque dans sa vie, Mina le voit comme une bouée de sauvetage. Homme assez effacé, il s’avère au fil des jours, semaines et mois, un élément précieux pour la mère de famille d’autant qu’il a lui-aussi des blessures personnelles. Cela suffira-t-il néanmoins pour Mina de trouver le chemin de l’apaisement et du deuil, c’est-à-dire du pardon ? C’est sans compter sur la vérité qui décidément cache bien des choses et le destin qui nous fait des tours…
Malgré un rythme lent, Le Pardon se défend plus que bien et nous présente une histoire assez glaçante, avec une question lancinante : sommes-nous vraiment prêts à pardonner, même l’indicible ?
Le Pardon (قصیده گاو سفید)
Un film de : Maryam Moqadam et Behtash Sanaeeha
Avec : Maryam Moqadam, Alireza Sani Far, Pouria Rahimi Sam…
Pays : Iran
Genre : Drame
Durée : 1h45
Sortie : 27 octobre
Note : 14/20