Catherine Corsini est une cinéaste que j’ai découvert par hasard en regardant son précédent film Un amour impossible où elle dirigeait la pétillante et toujours belle Virginie Efira et Niels Schneider, le compagnon de la première. Un long-métrage qui portait bien son nom, qui n’était pas inintéressant en soi mais pas non plus remarquable.
Aussi, j’ai été plusieurs surpris qu’elle porte un projet radicalement différent de son précédent film et surtout d’actualité. Une actualité (encore) brûlante même. Nous sommes en novembre 2018. Le mouvement des Gilets Jaunes bat son plein dans les rues de la capitale. Parmi eux, Yann, qui est venu spécialement de province pour manifester. Lors d’une confrontation avec les forces de l’ordre, il est blessé à la jambe et doit se rendre à l’hôpital. Au même moment, Raf et Julie est un couple au bord de la rupture. C’est justement lors d’une énième dispute que Raf, voulant suivre Julie qui était sortie, glisse et tombe violemment sur la chaussée. Le verdict est sans appel : elle s’est cassée le bras et doit se rendre elle-aussi à l’hôpital. Dans une nuit entière, Raf, Julie et Yann vont découvrir un service des urgences particulièrement sollicité, où le personnel ne ménage pas ses efforts et surtout son temps malgré qu’il se soit déclaré en grève.
Comme je vous l’avais indiqué précédemment, j’avais été surpris par le fait que Catherine Corsini réalise ce film, ne nous le cachons pas, militant. Après avoir jeté un coup d’œil sur sa fiche Wikipédia, j’ai mieux compris par la suite, la réalisatrice se positionnant clairement à gauche, ce qui n’est pas pour me déplaire, bien au contraire ^^’. C’est un détail qui a toutefois son importance pour comprendre le film mais aussi les multiples messages qui en ressortent. La fracture, c’est en effet, la rencontre de deux personnes que tout oppose à première vue. Yann est chauffeur-livreur, il a décidé de rejoindre le mouvement des Gilets Jaunes car avec son salaire modeste et les fins de mois difficiles, il ne s’en sort pratiquement plus. D’ailleurs, cela ne l’arrange pas vraiment de se retrouver à l’hôpital car il craint de perdre son boulot si son patron apprend qu’il a manifesté. Il souhaite pouvoir partir dès que possible pour tenir ses engagements. De son côté, Raf et Julie sont un couple issu de la classe moyenne, voire de la classe moyenne supérieure qui se retrouve également aux urgences par la force des choses. Elles découvrent surtout la triste réalité d’un service sous tension avec un personnel soignant qui enchaîne les gardes, bien au-delà de ce qui est autorisé par la loi, qui court dans tous les sens et qui doit gérer l’impatience, voire l’agressivité de celles et ceux qui attendent depuis de longues heures sur un brancard ou au fond d’un couloir sur un banc.
Une situation chaotique dans laquelle Yann et Raf se rencontrent. Ce n’est pas la lutte des classes mais on sent bien une confrontation entre les deux protagonistes, à l’image de deux France qui ne se comprennent pas et surtout ne se parlent pas. Forcément, cela créé des étincelles mais aussi des moments inattendus. Toujours est-il qu’après cette nuit passée aux urgences, il y aura un avant et un après.
Long-métrage très actuel, La Fracture se veut militant et sa réalisatrice semble assumer sans problème son positionnement. Certains se sentiront peut-être gênés voire offusqués mais c’est sans doute le genre de films qui faut pour dénoncer une réalité qu’on ne cesse d’évoquer depuis des années mais à face laquelle, nos responsables politiques continuent à briller par un aveuglement certain.
La Fracture
Un film de : Catherine Corsini
Avec : Valeria Bruni-Tedeschi, Marina Foïs, Pio Marmai, Aissatou Diallo Sagna, Jean-Louis Collouc’h…
Pays : France
Genre : Comédie, Comédie dramatique, Drame
Durée : 1h39
Sortie : 27 octobre
Note : 16/20