Certains films me donnent tout simplement envie d’aller les voir, cela se tient le plus souvent, à l’affiche, le synopsis, une image, la bande annonce, voire tout cela à la fois. Lorsqu’ils sortent de l’ordinaire, c’est encore mieux. Lorsqu’ils vous réservent quelques agréables surprises, c’est encore bien mieux.
C’est le cas de Sami Outalbali. Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, nous y reviendrons. Ce dernier incarne Ahmed, un étudiant de 18 ans qui entame sa première année en licence en lettres modernes à la Sorbonne, où il étudie entre autres, la littérature arabe. D’origine algérienne, il est né et vit en banlieue parisienne avec ses deux parents et sa sœur cadette. Lors d’un cours, il rencontre Farah. Elle est tunisienne et a débarqué à Paris pour ses études. C’est une jolie fille, assez sure d’elle et entreprenante. Progressivement, Ahmed et Farah se côtoient. Progressivement, une relation particulière se noue et Ahmed éprouve des sentiments et du désir pour Farah. Un désir qu’il tente de réprimer malgré tout et l’intérêt de plus en plus évident que lui porte la jeune femme. Un moyen pour lui de se protéger. Mais de quoi et surtout de qui ?
Si vous avez Netflix et que vous êtes fan de Sex Education, vous avez surement dû apercevoir Sami Outalbali qui incarne, dans la saison 2, Rahim, le copain d’Eric. Depuis, l’acteur, originaire de Poissy (Yvelines), tisse tranquillement sa toile dans l’espoir de se faire une place durable au sein du septième art. Dans une histoire d’amour et de désir, il joue un garçon réservé, voire en retrait. Ahmed a grandi en banlieue et les questions relatives au sentiment, à l’amour, l’érotisme et la sexualité, sont tout simplement taboues. Parler de ces sujets le gêne, il ne se sent pas à l’aise avec des potes. En banlieue, il y a une image, une réputation à tenir, ce que certains ne manqueront pas de lui rappeler notamment lorsqu’il s’agit de sa sœur cadette ou le fait qu’il côtoie d’autres personnes issus d’un autre milieu social à Paris, au détriment de sa cité.
Cette gêne, il la connaît également avec Farah. Non pas qu’elle soit gênante mais la jeune tunisoise est le parfait contraire d’Ahmed. Elle est libre, n’hésite pas à aller vers les autres. Issu d’un milieu aisé, pour ne pas dire bourgeois, elle goûte à la vie parisienne, une vie qui reste éloignée d’Ahmed, malgré le fait qu’il y soit tout près géographiquement parlant. Ahmed ressent du désir pour la jeune femme, il la veut, aussi bien physiquement qu’intellectuellement.
Cette gêne, Ahmed la surmonte parfois. A la Sorbonne, en effet, il travaille sur la littérature et la poésie arabe du X° siècle connues pour leurs propos sensuels voire érotiques. S’il arrive à passer outre, pourquoi ne pas se livrer davantage avec Farah ? Comme s’il avait peur de perdre le contrôle sur ce qu’il ressent, mais également sur ce qu’il est.
Second long-métrage de la tunisienne Leyla Bouzid, après A peine j’ouvre les yeux, Une histoire d’amour et de désir nous raconte (également) une émancipation, celle d’un jeune homme face à son attirance qu’il peut de moins en moins refouler, la clé vers une autre vie.
Une histoire d’amour et de désir
Un film de : Leyla Bouzid
Avec : Sami Outalbali, Zbeida Belhajamor, Diong-Keba Tacu, Aurélia Petit, Mahia Zrouki, Bellamine Abdelmalek, Mathilde La Musse…
Pays : Tunisie
Genre : Drame
Durée : 1h42
Sortie : 1er septembre
Note : 14/20