Ce film a été présenté en compétition du Festival de Cannes qui s’est tenu du 6 au 17 juillet.
Le cinéma regorge de projets et de créations, les plus étonnantes, les plus innovantes, les plus choquantes, c’est selon. C’est ce qui fait sa force mais aussi sa faiblesse, en tout cas, cette façon de faire ne laisse personne indifférent. Titane fait partie de cette catégorie, de ces films qui divisent avec son lot de soutiens acharnés et de détracteurs tout aussi acharnés, sinon plus. Le Festival de Cannes n’a pas fait exception à la règle, ce qui donne une saveur encore plus spéciale à un long-métrage qui continue à faire couler (beaucoup) d’encre.
Nous sommes en Provence. Alexia est une danseuse professionnelle qui se produit dans des shows automobiles. Quelques années auparavant, elle a subi une lourde opération suite à un accident. Une armature en titane sert désormais de structure pour son corps. Au même moment, Vincent, brigadier-chef des pompiers est à la recherche de son fils, disparu il y a dix ans. L’attente est insupportable pour le père qui ne perd malgré tout pas espoir. Un soir où Alexia est en cavale, à la suite de crimes en série, cette dernière se trouve à l’aéroport. Elle voit un avis de recherche, celui d’Adrien, le fils disparu. Afin d’échapper à la police, elle se fait passer pour lui. Elle est alors recueillie par Vincent qui croit reconnaître, de façon formelle, son fils disparu.
Spike Lee, le président du dernier Festival de Cannes, est resté fidèle à sa réputation, celle ne pas faire dans le consensus et encore moins dans le conventionnel. C’est sans doute cela qui l’a plu dans le projet de Julia Ducournau, qui s’était déjà distinguée pour Grave, sorti en 2016 et connu pour son côté malaisant, voire très malaisant. A l’époque déjà, le film avait divisé en raison de certaines scènes violentes qui faisaient la part belle à l’hémoglobine, ce qui, à titre personnel, m’avait convaincu de ne pas découvrir l’histoire.
Cinq ans après, rebelote ou presque. Violent, osé, dérangeant… Titane n’échappe pas à la règle et pourra sans nul doute indisposer certaines personnes qui préféreront détourner le regard à la vue de certains passages. Cependant, on aurait tort d’en conclure que la réalisatrice ait un coût prononcé pour le sadique ou la violence gratuite. Cela serait, d’une part caricatural et d’autre part, c’est passer complètement à côté du film, qui en réalité bien plus subtil que cela.
Plusieurs indices et thèmes laissent, de fait, à penser qu’Alexia est une femme en souffrance mais également (et surtout) Vincent. Elle s’exprime peu et paraît sauvage envers le monde extérieur. Son réconfort, elle le trouve dans les voitures où elle tombe en pleine extase. Lorsque la série de meurtres se produit, Alexia ne sait pas où aller. Quant à Vincent, il reste abîmé (au sens propre comme figuré) par la disparition de son fils et il donnerait n’importe quoi pour le retrouver. Pour lui, il n’y a aucun doute possible, Alexia c’est son fils et qu’importe en réalité, l’essentiel c’est de (re)trouver une famille ! Un élément central pour comprendre cette relation spéciale (malsaine diront certains) qui unit les deux protagonistes par la suite, en dépit des apparences et de toute logique.
Comme je l’ai indiqué précédemment, Titane divise et certains le jugeront même scandaleux. Passé les scènes violentes et une certaine appréhension cependant, on perçoit dans le projet de Julia Ducournau, l’être humain dans toute sa splendeur avec ses forces mais et surtout ses fragilités, ce qui renforce le film et justifie (en partie), sa Palme d’or.
Titane
Un film de : Julia Ducournau
Avec : Vincent Lindon, Agathe Rousselle,Garance Marillier, Laïs Salameh, Dominique Frot, Myriem Akheddiou, Nathalie Boyer
Pays : France
Genre : Thriller, Drame, Fantastique
Durée : 1h48
Sortie : 14 juillet
Note : 15/20