
Avec le retour des gens dans les salles de cinéma et une programmation qui se rapproche de la normale, on avait tendance à oublier que nous sommes toujours sous crise sanitaire et que celle-ci ne faiblit pas au contraire !
En effet, face à une remontée des cas de COVID19, causée par la propagation du variant dit « Delta », le gouvernement a voulu frapper vite et fort, à l’image d’Emmanuel Macron. Lors de son allocution à la Nation, depuis le Grand Palais Ephémère, le Président de la République a annoncé de nouvelles mesures destinées à lutter plus efficacement contre l’épidémie. Parmi elles, l’extension du pass sanitaire. Auparavant requis pour les rassemblements de plus de 1 000 personnes (type séminaire, conférence ou salon), il est désormais étendu à tous les établissements recevant du public (à partir de 50 personnes), incluant les salles de spectacles et donc les cinémas.
Autrement dit, pour se faire une toile, il faudra, en plus de son billet et son masque, démontrer que vous êtes bel et bien vacciné contre la COVID19, que vous immunisé (si vous l’aviez déjà contracté) ou que vous aviez effectué préalablement un test PCR au moins 72 heures et que ce dernier s’est révélé (bien évidemment) négatif. Une nouvelle mesure qui entrera en vigueur, le 21 juillet mais qui suscite déjà plusieurs interrogations voire inquiétudes. Marc-Olivier Sebbag, le délégué général de la Fédération nationale des Cinémas de France (FNCF) déplore une mesure qu’il juge précipitée et qui met la culture sur le banc des accusés, d’autant que les bars et restaurants ne devront prendre en compte le pass à partir de mois d’août. Plus globalement, les professionnels du secteur craignent que l’instauration de cette nouvelle contrainte crée un effet dissuasif pour les spectateurs, ce qui aurait inévitablement une incidence sur la fréquentation.
Les interrogations du secteur sont légitimes. Marqués par plusieurs mois de fermeture et confrontés à une offensive de plus en plus féroce des plateformes de SVÀD, les exploitants et autres distributeurs semblaient progressivement retrouver des couleurs mais aussi le sourire, chiffres de la fréquentation des salles obscures à l’appui. La reprise, même si elle devait se confirmer avec le temps, était loin d’être un mirage et ouvrait de nouveau le champ des possibles. L’instauration d’une nouvelle contrainte change une nouvelle fois la donne, d’autant que les professionnels de l’industrie cinématographique estiment qu’il sera compliqué à mettre en œuvre et surtout à le faire respecter. Le cinéma étant un lieu où on se divertit, l’idée-même de faire la police et donc de trier à l’entrée est contraire à cet esprit et pourrait en décourager plus d’un, en particulier les plus jeunes, ce qui ferait tâche d’huile au moment où la programmation est loin d’être avare !
Si l’arrivée du pass sanitaire peut s’avérer un casse-tête avec, on peut l’imaginer, des files d’attente à rallonge et quelques tensions supplémentaires, il pourrait être vu comme une aubaine, du moins positivement accueilli par certains spectateurs qui verraient en ce document, une garantie supplémentaire. En effet, en partant de la logique que chaque spectateur ait prouvé qu’il n’est pas atteint de la COVID19, c’est l’assurance de se faire une toile en toute quiétude et pourquoi pas, d’alléger le protocole sanitaire avec – pourquoi pas – la suppression de l’obligation de porter un masque durant la protection par exemple. Plutôt qu’être considéré comme une contrainte, le pass sanitaire pourrait même rassurer.
Une éventualité qui n’est pas à exclure mais qui n’est viable que si la stratégie vaccinale progresse à vitesse V. En effet, si les choses en restent là, l’instauration du pass sanitaire pénaliserait les exploitants dans la mesure où une large partie de la population française n’a pas encore reçu sa seconde dose de vaccin. D’ici là, l’industrie devra une nouvelle fois faire preuve d’innovation mais aussi de flexibilité pour que cette nouvelle contrainte ne pèse pas trop et surtout ne vienne pas casser une dynamique qui semblait se concrétiser, voire se confirmer.