Ce film a été présenté en compétition du Festival de Cannes qui se déroule du 6 au 17 juillet.
Paul Verhoven ne laisse personne indifférent tant il a ses partisans mais aussi (et surtout) ces détracteurs. Un cinéma que j’ai découvert assez récemment en visionnant Elle, son premier long-métrage en français avec une impressionnante et ambiguë Isabelle Huppert. Ce qui me fait dire qu’il faudra, à un moment ou un autre, voir enfin son film culte, celui qui l’a fait connaître mais aussi bâti sa réputation, Basic Instinct et sa scène mythique ! Trente ans après ce film sulfureux, celui qu’on surnomme le « Hollandais violent » reste fidèle à lui-même, sans tomber dans le vulgaire pour autant, c’est du moins l’impression qu’il me donne. Cinq ans après Elle, il revient à la charge, en français une nouvelle fois, pour nous présenter Benedetta, du nom de cette nonne au comportement étrange, comme scandaleux pour l’époque.
Nous sommes au XVII° siècle en pleine Toscane, ravagée par la peste. Benedetta Carlini rejoint Pescia et son couvent où elle officie en tant que bonne sœur. La jeune femme est très croyante, elle est carrément amoureuse de Jésus. Sa vie sera désormais tournée vers le Messie, et elle lui transmettra sa dévotion, elle en est convaincue. Depuis son plus jeune âge, elle parle – selon elle – à Jésus et à la Vierge Marie, lui permettant ainsi de faire des miracles ou bien encore des mises en garde. Ses certitudes sont néanmoins remises en question lorsqu’arrive Bartholomea. Très vite, Benedetta est intriguée et séduite par la jeune femme. Dans le même temps, la nonne gagne en influence mais surtout en pouvoir au point de prendre la tête du couvent. Benedetta semble intouchable mais sa relation secrète avec Bartholomea pourrait bien lui causer sa chute sans compter que d’autres sœurs commencent à s’interroger sur la réalité de ses pouvoirs christiques…
Comme je vous le disais précédemment, un film avec Paul Verhoven ne laisse personne indifférent. Il faut dire que, la plupart du temps, tout y est : religion, violence et sexe. Sur ce point, Benedetta ne trahit pas ses promesses à l’instar d’une bande annonce qui plantait déjà le décor. La jeune femme, incarnée par une bonne Virginie Efira, en est persuadée : elle a l’oreille du Christ et elle en est carrément son porte-parole. En parfaite dévotion, elle fait, progressivement, la pluie et le beau temps au sein d’une Eglise catholique qui ne cherche pas tellement à s’interroger, du moins au départ. A-t-elle vraiment des pouvoirs christiques ? Ou bien est-ce tout simplement une folle qui débite des sottises ? Ou pire une femme qui se révèle être une sacrée manipulatrice ? Ces questions-là, les autorités religieuses se la posent sans réellement vouloir y répondre (du moins chercher à vouloir y répondre sérieusement), d’autant que Benedetta gagne en influence et en pouvoir, ce qui arrange certains hommes et femmes de Dieu.
C’est dans ce contexte que Benedetta explorera sa sexualité et sa relation lesbienne avec Bartholomea, une façon pour elle de ne pas être conformiste, du moins au fond d’elle. Elle exploite sa relation et ses désirs, grâce à son mysticisme, comme ci cela lui conférait une puissance supplémentaire. Le scandale, elle n’a cure, bien au contraire !
Film génial pour certains, voyeuriste et abominable pour d’autres, Benedetta divise aussi bien les festivaliers que le grand public, d’autant que certains dialogues et certaines scènes prêtent vraiment à rire, voire à sourire ! Pour ma part, je ne suis ni dans l’un, ni dans l’autre et c’est déjà pas mal !
Benedetta
Un film de : Paul Verhoven
Avec : Virginie Efira, Daphné Patakia, Charlotte Rampling, Lambert Wilson, Hervé Pierre, Olivier Rabourdin, Louise Chevillotte, Clotilde Courau…
Pays : Pays-Bas
Genre : Drame, Historique
Durée : 2h11
Sortie : 9 juillet
Note : 13/20