Le déconfinement suit son cours et semble – pour le moment – profiter aux exploitants cinémas, circuits comme indépendants, une perspective inattendue voire inespérée, vu les dernières semaines et mois éprouvés.
Dès la réouverture des salles, le 19 mai dernier, la fréquentation des salles obscures n’a cessé de grimper avec plus de 2 millions d’entrées lors de la première semaine, selon une étude réalisée par CBO-Box Office. Au premier jour, les files d’attentes se sont rapidement formées et les espaces bien remplis malgré des restrictions sanitaires assez lourdes et une jauge de départ fixée à 35% de capacité de remplissage sans oublier un couvre-feu fixé à 21 heures, rendant (toujours) illusoire la programmation de séances à 20 heures. Des contraintes qui n’ont visiblement pas rebuté les cinéphiles et autres amoureux du cinéma, bien au contraire ! J’ai moi-même pu m’en rendre compte, il y a trois semaines lorsqu’après le travail, je me suis rendu à l’UGC La Défense, découvrir Mandibules. M’attendant plutôt à une salle clairsemée – il faut dire que le cinéma de Quentin Dupieux est spécial et ne fait pas l’unanimité – je fus en réalité surpris de voir du monde, malgré la jauge de 1/3 !
Signe qu’après tant de semaines et mois de fermetures contraintes et forcées, les Français que nous sommes avaient visiblement besoin de prendre l’air mais aussi un bon bouillon de culture et de divertissement. A ce jeu, le cinéma a non seulement tiré son épingle du jeu mais subtilement rappelé son utilité de toute part. Comme je le dis souvent, le cinéma, c’est un endroit où on aime passer du bon temps en famille, avec des amis, seul, le week-end, avant ou après une bonne journée de travail, histoire de s’évader et (surtout) se vider l’esprit. Une expérience et une émotion collectives qu’on ne trouve nulle part ailleurs et surtout pas devant son écran de télévision ou d’ordinateur !
Cette tendance est très encourageante et constitue une formidable réponse à celles et ceux qui, comme Mathieu Kassovitz en décembre dernier, prophétisaient déjà la fin de la salle de cinéma, pensant que les services de vidéo à la demande (SVÀD) et autres plateformes finiraient par prendre le dessus et ringardiser ainsi toute une institution. Bien évidemment, la prudence reste de mise et il ne s’agit pas de tomber dans une certaine naïveté. La crise sanitaire a tout de même fait bouger les lignes (du moins quelques-unes) et été propice à Netflix, Disney +, Amazon Prime et cie pour proposer une alternative, tout en attirant une nouvelle clientèle. L’industrie cinématographique traditionnelle devra tirer les conclusions qui s’imposent et surtout penser à innover si elle veut durablement tenir face à la concurrence féroce et pas forcément loyale des géants numériques.
Ce retour immédiat et assez inattendu des spectateurs n’en demeure pas moins un signe plus qu’encourageant pour autant, démontrant que le cinéma demeure une valeur sure, une valeur sur laquelle on peut s’appuyer et avoir confiance, ce qui est de bonne augure pour la suite, aussi bien en France à l’étranger et notamment aux Etats-Unis. Une tendance qui se traduit par une programmation riche (trop riche même) mais surtout plus offensive avec le retour tant attendu des blockbusters qui débarqueront cet été, je pense notamment à Black Widow par exemple. Qui plus est, la seconde phase du déconfinement, amorcée dès ce mercredi 9 juin, donnera sans nul doute un sacré coup d’accélérateur à l’industrie cinéma avec une levée partielle de la jauge à 65% de la capacité des salles et surtout la réintroduction de la séance de 20 heures, rendu possible grâce à l’instauration du couvre-feu à 23 heures.
Autant de données qui ne peuvent que favoriser un retour progressif à la normale mais aussi donner le sourire à toute un milieu qui, comme tant d’autres, ont tiré la langue ces derniers mois ! Les chiffres ne mentent pas, ils redonnent le sourire aussi (du moins, permet de voir l’avenir avec sérénité)