Sauf (énorme) coup de théâtre, les cinémas de France et de Navarre sortent progressivement du sommeil dans lequel ils étaient plongés contraints et forcés. Le 19 mai au matin, la culture fait son grand retour et les exploitants des multiplexes comme des salles indépendantes ne veulent rien laisser au hasard, comme j’ai pu le voir de moi-même, devant le CGR Nanterre-Université, en allant travailler, il y a quelques jours.
Cette seconde réouverture – que tout à chacun espère définitive – devrait s’accompagner d’une programmation dense, pour ne pas dire très dense, laissant – certes – l’embarras du choix pour le spectateur mais mettant les programmateurs dans un sacré embarras. En effet, vu le nombre de long-métrages à l’affiche, c’est un véritable embouteillage auquel on assiste et qui pourrait bien faire quelques victimes, si rien n’est fait.
La situation était assez prévisible vu la durée qu’a duré cette seconde fermeture des cinémas, jugés comme non-essentiels par le gouvernement. Nombre de films qui devaient sortir début novembre ou qui sont sortis juste avant le second confinement n’ont pas eu d’autres choix que d’attendre des jours plus propices, au risque de faire face à une concurrence plus ou moins féroce. Dans un contexte « normal », cela ne serait pas tellement problématique, les distributeurs respectant un cahier des charges mais surtout une stratégie plus ou moins prédéfinie avant de lancer tel ou tel projet. Cependant, la crise du COVID19 a, bien évidemment, tout chamboulé au point que certains sont plus dans une logique de damage control.
C’est notamment le cas pour les blockbusters qui n’ont pas attendu le retour des salles obscures pour se positionner et activer leur plan B, au fur et à mesure que la crise s’éternisait. Ainsi, des films très attendu comme Mourir peut attendre, Fast and Furious 9ème du nom, ou encore Black Widow ont vu leurs sorties maintes fois repoussées quand d’autres comme Wonder Woman 84 par exemple ont atterri dans la case SVÀD, au plus grand déplaisir des exploitants. Une ligne qui peut se comprendre, financièrement parlant, mais qui reste discutable d’autant que cela contribue à peine à rendre le trafic plus fluide.
Avec une telle configuration, ce sont les films indépendants qui risquent bien de payer les pots cassés. Certes, certains d’entre eux avaient, en l’absence de gros films, (un peu) tiré leur épingle du jeu, bénéficiant ainsi d’une couverture médiatique inespérée. Cette configuration devrait se reproduire dans les semaines à venir, surtout avec un protocole sanitaire strict et pas vraiment adapté pour des grosses productions. Néanmoins, qu’en sera-t-il lorsque les restrictions seront totalement levées d’ici fin juin prochain, période qui coïncidera avec une flopée de films à gros budget, particulièrement attendus par les exploitants, en particulier les grands groupes ? Films sur lesquels, ils comptent bel et bien pour faire revenir le public et relancer ainsi, une machine plus que grippée.
Ce qui explique sans doute la raison pour laquelle, les professionnels du secteur se sont réunis, il y a de cela deux semaines, pour organiser une reprise dans de bonnes conditions et sans la moindre concurrence déloyale. Un vœu pieu quand on se rappelle que l’industrie du cinéma n’en demeure pas moins un marché qui, lui aussi, obéit à l’implacable logique de l’offre et de la demande, qu’on le veuille ou non. Avec près de 450 films à prévoir, dont 30 rien que pour ce mercredi prochain, la tentation de tirer la couverture à soi et donc de faire cavalier seul, estimant que l’autorégulation du marché grâce au choix qui sera laissé au consom… (oups pardon ! spectateur) suffira pour tout remettre dans l’ordre. C’est du moins adoptée par The Walt Disney Compagny mais également la Warner et Universal sans oublier UGC, même si tout n’est pas si simple !
Toujours est-il qu’on ne manquera pas de films et ce, pour un bon bout de temps ! En attendant, ce jour béni du 19 mai, votre serviteur ne sait toujours quel film il ira voir !