Netflix : voilà l’ennemi ? (suite)

Ted Sarandos, président de Netflix

Le mois dernier, Ted Sarandos, le patron de Netflix n’y allait pas par quatre chemins. Selon lui, la salle de ciné était une espèce en voie d’extinction, c’était même plus ou moins inéluctable ! La raison, pour le patron de la marque au N rouge était tout simple. La pandémie a non seulement changé nos habitudes – logique par la force des choses – mais aurait rendu les spectateurs encore plus réticents à revenir dans une salle obscure. Face à cette probable tendance, l’industrie du cinéma n’aura pas d’autres choix que de s’adapter en élargissant son offre tout en poussant davantage sur l’offre en ligne, jugée plus souple et donc moins contraignante. 

La crise sanitaire n’en finit pas de défier le monde du cinéma tel que nous l’avons connu jusqu’à présent et les conséquences restent encore difficiles à évaluer. Depuis plus d’un an en effet, les circuits classiques sont confrontés à une situation ubuesque, obligeant les distributeurs à affiner leur stratégie afin d’écouler un stock de productions qui n’en finit pas de se tasser. Une situation qui par effet mécanique profite cyniquement aux plateforme de SVÀD qui ont bien compris tout l’intérêt de racheter des films à plus ou moins fort potentiel, espérant obtenir ainsi une sorte de retour sur investissement. 

C’est ainsi que Netflix continue son marché avec l’acquisition du (pourtant) très attendu Comment je suis devenu un super-héros. Initialement programmé pour octobre dernier, le long-métrage de Douglas Attal réunissant, entre autres, Pio Marmaï, Benoît Poelvoorde, Swann Arlaud, Leïla Bekthi, Vimala Pons et Clovis Cornillac, a vu sa sortie repoussée à deux reprises pour finalement être racheté par Netflix qui le proposera dans son catalogue, le 9 juillet prochain. Une nouvelle accueillie avec une certaine indifférence teintée d’un certain dépit quand on sait que ce projet faisait beaucoup parler de lui et qu’il aurait pu apporter quelque chose d’intéressant.

Comment je suis devenu un super-héros, de Douglas Attal, sortie prévue en octobre 2020 au cinéma, sur Netflix, le 9 juillet prochain

La stratégie menée par Netflix, Disney +, Amazon Prime et cie semble se poursuivre et en dit long sur l’avenir même de la salle obscure, comme s’il y aura inévitablement un avant et un après COVID19, c’est du moins la conviction intime de certains qui considèrent qu’il faut vivre avec son temps et que celui de la salle obscure est révolu. A l’heure du portable et de la tablette connecté, où il est possible de voir un film quand on veut, où on veut, ce modèle est même obsolète, pour ne pas dire anachronique. Ben oui ! Qui irait encore dépenser une dizaine d’euros ou se farcir un abonnement pour aller s’enfermer une heure et demi (au minimum), avec des gens qu’on ne connaît pas pour la plupart ? Rester chez soi ou voir un long-métrage quel que soit le lieu où on se trouve, c’est beaucoup plus simple, et surtout plus « rentable » !

C’est pourtant ce côté obsolète qui semble toujours attirer, et pas uniquement les cinéphiles, à en juger les chiffres de la fréquentation outre-Atlantique où les salles de cinéma ouvrent progressivement notamment à New-York. Des chiffres encourageants, vu le contexte, qui rappellent qu’il reste beaucoup à faire. Dans le même temps, les distributeurs, malgré l’embouteillage monstre qui se profile et qui risque d’exploser lors de la réouverture effective des salles, semblent encore résister à l’assaut des plateformes préférant attendre que l’orage passe, quitte à reporter (à maintes reprises) la sortie de plusieurs films. C’est ainsi qu’OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique noire devrait être disponible en plein cœur de l’été, privant – pour l’heure – les plateformes d’une potentielle prise de guerre. 

Salle du réseau « AMC » à New-York (Etats-Unis)

La crise actuelle, si elle ne devrait pas condamner la salle obscure à mon sens, obligera néanmoins celle-ci à se réinventer et surtout se « vendre » en indiquant sa valeur ajoutée. Comme je l’ai toujours écrit sur ce blog, la meilleure des télés sur la meilleure des plateformes ne remplacera jamais cette expérience spéciale et difficile à décrire qu’est le cinéma, ce qui explique probablement l’impatience quant à une date de réouverture. Sans doute le besoin de se retrouver, ce que ne pourra jamais restituer Netflix, Disney + et cie, ce qui est rassurant. Très rassurant même !

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