L’appétit féroce de Netflix (et des autres plateformes)

Les cinémas demeurent fermés et si un point d’étape est prévu pour ce mercredi 20 janvier, personne ne se fait vraiment d’illusion quant à une réouverture rapide, même pour le début des vacances de février. La faute à un gouvernement qui ne semble toujours considérer la culture comme une variable d’ajustement, quelque chose de non-essentiel, à la différence de l’Espagne et du Portugal qui prennent une direction radicalement différente.

Une situation qui fait des heureux. Depuis le premier confinement et la fermeture contrainte et forcée des salles obscures, les plateformes de SVÀD ont tiré leur épingle du jeu en rachetant des long-métrages destinés au cinéma, initialement. Le mouvement avait débuté dès avril 2020 avec Forte et Brutus vs. Cesar, deux productions françaises qui se sont retrouvées sur Amazon Prime Video, donc en streaming. Une décision qui avait suscité la consternation des cinéphiles d’autant que Disney Plus en faisait de même avec ses propres productions, notamment Artemis Fowl et Mulan mais également Soulsorti fin décembre dernier. 

La femme à la fenêtre de Jon Wright et Amy Adams, initialement prévu en salles et qui sortira sur Netflix à l’été prochain

Une tendance qui tend à se confirmer, voire à s’amplifier. En effet, Netflix envisage d’acheter un nombre non négligeable de projets qui devaient (ou doivent encore) sortir sur grand écran au courant de l’année 2021, histoire d’étoffer son catalogue mais aussi gonfler son nombre d’abonnés. L’entreprise américaine n’a, en fait, pas trainé avec l’acquisition de La femme à la fenêtre, le nouveau film de Jon Wright avec Amy Adams. Initialement prévu pour le cinéma, puis maintes fois reporté en raison de vous savez quoi, le long-métrage est finalement programmé dans la plateforme pour l’été prochain. Même destin pour Bronx, le dernier film d’Olivier Marchal qui a atterri, in extremis, en ligne et qui est dispo depuis la fin de l’année dernière.

Il faut dire que le contexte sanitaire actuel pèse très lourd dans le comportement féroce de Netflix. En dépit de l’arrivée de plusieurs vaccins, la situation reste critique en Europe et surtout aux Etats-Unis où les salles, dans leur grande majorité, restent closes, laissant fortement penser que 2021 ne sera pas l’année d’un retour à la normale, voire à la quasi-normale d’autant que l’agenda, d’ordinaire assez étoffé, sera bel et bien chargé, pour ne pas dire saturé. Une sacrée aubaine pour Netflix qui n’hésite pas à sortir son chéquier et écrire les zéros nécessaires pour racheter tel ou tel film à fort potentiel. 

Une stratégie qui interpelle, voire inquiète, dans la mesure où elle pourrait à terme consacrer la suprématie des plateformes de SVÀD et rendre la salle obscure obsolète, selon certains du moins. En ouvrant son porte-monnaie, Netflix affiche non seulement ses ambitions mais aussi son appétit féroce en s’attaquant aux exploitants et en dictant sa loi aux studios qui sont clairement en situation de faiblesse. L’heure n’est plus à l’attente et à la solidarité (envers les salles de cinéma) mais bel et bien à sauver les meubles et tout ce qui va avec. L’entreprise américaine l’a bien compris et appuie là où ça fait mal, quitte à ce qu’il y ait des personnes laissées sur le carreau ! Une belle leçon de néo-libéralisme et autres théories (néo)-classiques en somme ! 

Black Widow, avec Scarlett Johansson dont la sortie est (toujours) prévue en salles au premier semestre 2021

D’autant que les autres plateformes ne sont pas en reste notamment Disney Plus et la rumeur persistante qui voudrait que Black Widow atterrisse également sur la plateforme, ce qui aurait l’effet d’une bombe, le film devant officiellement lancer la phase IV du Marvel Comics Universe (MCU). Une tendance clairement inquiétante donc et une véritable déclaration de guerre lancée aux exploitants, avec cependant une lueur d’espoir, et même des raisons de rester optimiste. Jusqu’à présent, la MGM a refusé toutes les propositions de rachat de Mourir peut attendre, le dernier James Bond, dont la sortie reste programmée pour la toute fin mars, et chez nous, Gaumont a une nouvelle fois reporté la sortie d’Aline Dieu, le vrai-faux biopic de Valérie Lemercier consacré à Céline Dion, malgré l’offre insistante d’Amazon Prime Video. Bon, ok ! il y a mieux comme exemple mais c’est toujours bon à savoir non ? 😉 

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