Ruben Alves est un acteur-réalisateur qui n’est pas forcément connu. En revanche, si je vous parle de La Cage dorée, il y a de fortes chances que vous ayez vu cette sympathique pépite, sorti en 2013 au cinéma. Un film qui rendait hommage sous le ton de l’humour (mais pas seulement) à la communauté portugaise en France.
Quelques années après ce succès critique et public, le cinéaste revient avec un nouveau projet tout aussi drôle que mélancolique, et surtout porteur d’espoir. Nous sommes quelque part à Paris. Alexandre, surnommé Alex, a 24 ans. Il y a une quinzaine d’années, il avait un rêve : devenir Miss France, ce qui lui a valu la moquerie de ses camarades. Si depuis, il navigue entre le genre masculin et féminin, le concours semble appartenir au passé. Pire, il mène une vie précaire, sans véritable but. Ses retrouvailles avec un ancien camarade de classe, devenu boxeur professionnel et se préparant aux Jeux olympiques, va changer la donne. Alex, dont les parents sont morts dans un accident de route, décide de réaliser son rêve. Il se présente aux premières épreuves de sélection pour l’Ile-de-France en cachant son identité sexuelle. Très vite, il fait face à la compétition et à la rivalité mais aussi à l’entraide et la bienveillance. Cependant, Miss France est bien plus qu’une simple compétition, c’est aussi l’occasion pour le jeune homme de se révéler.
« Je veux être Miss France pour devenir quelqu’un », c’est la réponse (en résumé) que donne Alex, alias Alexandra, lorsqu’elle se présente aux premières sélections. Alex est particulièrement joli(e), son look androgyne étant particulièrement un atout. Toutefois, il peine à s’affirmer. Pire, il pense être transparent, fade aux yeux des autres. Certes, il a sa « famille », un groupe de marginaux qui partage avec lui un logement délabré et dans lequel la débrouille et le système D fait figure de norme. Alex ne veut pas de ce destin tout tracé, un destin de loser dans lequel il n’est rien et déconsidéré. Miss France, c’est un moyen pour lui d’affirmer, d’assumer sa féminité mais aussi, de façon inconsciente, de trouver un peu de lumière.
Cette quête n’est cependant pas sans risque, non pas celle de se faire démasquer mais plutôt de brouiller son identité. Pas forcément sexuelle mais ce qu’il le caractérise. Alex, il n’est rien, Alexandra, elle est quelqu’un, du moins c’est ce qu’elle pense. Le prestige du concours, les réseaux sociaux et autres péripéties, lui donne de la force certes au détriment de sa relation avec ses proches. Une question s’invite alors : Alex saura-t-il faire la part des choses pour s’affirmer mais surtout faire la paix avec lui-même ?
Comédie mordante agrémenté de bonnes punchlines (merci Isabelle Nanty !), Miss se veut aussi mélancolique à certains moments. Le tout avec une certaine bienveillance et tolérance, c’est l’esprit que l’on retient du second long-métrage de Ruben Alves qui aura mis plusieurs années avant de réaliser son second projet, ce qui n’est pas plus mal. Bien au contraire !
Miss
Un film de : Ruben Alves
Avec : Alexandre Wetter, Pascale Arbillot, Isabelle Nanty, Thibault de Montalembert, Stéfi Celma, Sylvie Teiller…
Pays : France
Genre : Comédie
Durée : 1h48
Sortie : le 21 octobre
Note : 16/20