Il était tout particulièrement attendu, le dernier Pixar ! Soul devait sortir sur les écrans en juin dernier. La pandémie étant malheureusement passé par là, il avait été reprogrammé pour novembre pour finalement être disponible le 25 décembre… sur Disney +
Alors que la COVID19 continue de faire des ravages et pousse les grands studios hollywoodiens à revoir leur stratégie, Disney semble jouer la carte de l’accommodement en profitant à fond de sa plate-forme de VÀD, Disney+. Pour preuve, après Artemis Fowl, ce fut au tour de Mulan de connaître la case streaming au lieu et place de la case ciné. Une décision controversée qui a suscité l’ire des exploitants de cinéma (notamment en Europe et plus particulièrement en France) qui crient à la trahison dans un contexte déjà bien compliqué pour eux, on l’imagine.
A ce titre, plusieurs cinéphiles et autres spécialistes se sont interrogés sur la politique actuelle de Disney. Pour certains, elle n’est qu’une conséquence logique, face à la recrudescence du virus en Amérique du nord et à l’impossibilité pour nombre de cinéma d’ouvrir à nouveau. Pour d’autres, elle augure quelque chose d’assez inquiétant pour l’avenir du grand écran qui n’avait décidément pas besoin d’une mise en concurrence organisée et assumée avec le monde du streaming, au point où certains président même la fin du cinéma, telle que nous le connaissons.
Disney (ou plutôt Disney +) va-t-il (vraiment) tuer le cinéma ? Difficile à dire pour être vraiment honnête. La stratégie de Mickey est comme dirait Orelsan, simple et basique. L’entreprise ne fait pas trop dans les sentiments mais plus dans le business et la rentabilité. Dans le contexte sanitaire que nous connaissons mais également face à la concurrence marquée de Netflix, Amazon Prime Video et cie, l’entreprise aux oreilles de souris a besoin de faire la différence. Lors de la mise en ligne de Disney + en effet, il fut reproché à celle-ci son manque de diversité mais également de poids. Autrement dit, un catalogue assez pauvre pour une somme qui était loin d’être modique, ce qui pouvait décourager certains à lâcher, 70 euros/an alors que pour moins cher, vous pouvez avoir mieux (en tout cas, moins pire)
C’est sans doute pour contrer cette critique majeure que Disney « profite » de la crise actuelle pour étoffer son contenu et faire de ses films qui devaient sortir en salles, une exclusivité. Une stratégie qui se tient mais qui pénalise les exploitants de salle, pour des raisons évidentes, à savoir le partage des revenus. En effet, en rendant directement en ligne ses films destinés initialement pour le grand écran, Disney réalise des économies non négligeables et récupère bien plus que sa mise de départ.
Néanmoins si Disney a provoqué la colère de certains, il serait erroné de penser que son modèle préfigure la mort du cinéma. De fait, l’entreprise californienne semble bien plus pragmatique qu’il n’y paraît et joue la carte de la prudence en mettant en ligne des films qui pourraient avoir un potentiel autre en matière de box-office plutôt que de risquer à les mettre sur grand-écran dans le contexte que nous connaissons. A ce titre, Disney n’a rien inventé puisqu’au plus fort de la crise, elle a reporté d’un an, la sortie de Jungle Cruise initialement prévu pour le 24 juillet dernier aux Etats-Unis. Depuis, les autres studios ont suivi cette logique, le dernier exemple en date étant Mourir peut attendre, le dernier James Bond, n’ayant jamais aussi bien porté son nom, vu la situation !

Dès lors, la stratégie de Disney, si elle est scandaleuse pour tout cinéphile qui se respecte, n’est que pure logique financière, ce qu’on peut regretter. Toutefois, ce mouvement n’est que limité dans le temps mais aussi en ce qui concerne les acteurs. Cela démontre une fois encore que le cinéma reste un lieu indispensable pour les grands studios et que ce lieu offre des prestations qu’une plate-forme ne pourra jamais offrir et cela même Mickey Mouse l’a bien compris !