Mignonnes : un film pédopornographique ?

On ne rigole pas avec la pédopornographie, aux Etats-Unis comme partout ailleurs bien évidemment, mais surtout aux Etats-Unis. Une lutte salutaire et nécessaire qui, toutefois, laisse place des situations particulières, terreau de nouvelles polémiques. 

Depuis quelques jours, Mignonnes, le nouveau film de Maïmouna Doucouré (rebaptisé Cuties), est disponible de l’autre côté de l’Atlantique (comme dans le reste du monde) sur Netflix. Un long-métrage qui n’est pas passé inaperçu et qui suscite la controverse moins en raison de son contenu que du contenant. 

Affiche de « Cuties » (« Mignonnes » à l’international) pour la plateforme Netflix. Le film est disponible depuis le 9 septembre dernier.

Récemment, la célèbre plateforme fut pointée du doigt pour avoir laissé diffuser une affiche officielle du film sur laquelle on voyait les principales protagonistes dans une position très suggestive, pour ne pas dire très malaisante. Face au tollé, l’entreprise a du faire machine arrière et exprimer ses excuses en rappelant que l’affiche en question n’était absolument pas représentative d’un long-métrage qui a remporté un prix majeur au prestigieux Festival de Sundance. 

Une polémique qui aurait s’éteindre si la campagne présidentielle ne s’était pas invitée dans le débat. Plusieurs cadres du Parti républicain et du Parti démocrate ont, en effet, fustigé, Mignonnes, le considérant comme un film pédopornographique, du moins faisant la promotion de la pédopornographique et, qu’à ce titre, il convient de dénoncer Netlfix mais aussi faire une enquête afin de voir si ce long-métrage n’a pas contrevenu aux lois fédérales en matière de protection de l’enfance et de lutte contre la pornographie infantile. Une façon fortement suggérée d’appeler au boycott, voire à l’interdiction du film français. 

La lutte contre la pédopornographie est particulièrement vivace aux Etats-Unis et celles et ceux qui en sont coupables écopent de très lourdes peines de prison. Aussi, la moindre histoire déclenche des passions et surtout des débats qui parfois partent un peu dans tous les sens avec au bout, le fameux point Godwin. C’est le cas pour Mignonnes que j’ai eu l’occasion de voir quelques jours après sa sortie. Le long-métrage de Maïmouna Doucouré ne fait pas dans le monde des bisounours, c’est évident ! C’est en revanche un fort pour ne pas dire inquiétant message d’alerte qui est émis, à savoir celui d’une fille de 13 ans qui est prise en étau entre les traditions et une volonté de s’émanciper. 

Cette émancipation, elle passe par cette bande de filles de son âge qui, influencées par les réseaux sociaux et Internet, ne sont jamais loin de la ligne rouge et ne savent pas nécessairement que ce qu’elles font n’est pas sans conséquences. Un film complexe donc mais avant tout un film coup de poing qui pointe une réalité qu’on a tendance à négliger, nous les adultes. 

Cette réalité ne peut être évoquée et encore diffusée de façon édulcorée, elle doit l’être sans filtre, c’est ce qui fait d’ailleurs la force de Mignonnes. Le film, tout en restant dans le soft, lance un pavé dans la mare et créer un électrochoc, un électrochoc salutaire. 

Un cri d’alarme bien reçu par la critique américaine et relayée par le Times et qui convient de prendre davantage en considération qu’un débat stérile mais finalement peu surprenant quand on connaît les Etats-Unis. D’autant peu surprenant quand on sait que dans le pays de l’oncle Sam, on continue à organiser des concours de mini-Miss et dans lesquels, cela ne semble gêner personne que des filles d’à peine 6, 7 ou 8 ans soient habillées et maquillées comme des femmes de 20 ans ! 

On n’est pas à une contradiction près. En attendant, Mignonnes est toujours en salles et je vous invite grandement à le découvrir ! 

2 commentaires sur “Mignonnes : un film pédopornographique ?

  1. Bon jour,
    Je suppose que les parents de ces jeunes actrices étaient d’accord ? Que tout le monde était d’accord de l’électricien de plateau au producteur ? Si le consentement est validé pour tout ce monde, alors je ne vois pas le souci au regard d’une société dont vous écrivez à juste tire, sans doute : « On n’est pas à une contradiction près » et dont Dieu est un garant aux portes ouvertes des grands vents des scandales divers et variés … 🙂
    Max-Louis

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    1. C’est sur, après je faisais plus référence aux Etats-Unis où certains crient à la pédopornographie en parlant d’un film qu’ils n’ont jamais vu et qui ne semblent pas être offusqués par un concours de mini-miss !

      Aimé par 1 personne

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