Il y a quelques semaines, je m’interrogeais sur la reprise de l’industrie cinématographique chez nous, suite à l’annonce par le Premier ministre de l’époque, Edouard Philippe, de la réouverture des salles obscures, après trois mois de fermeture forcée pour cause de COVID19. Un constat prudent même si certaines données pouvaient raisonnablement me laisser optimiste pour la suite.
Trois semaines après, je dois bien vous avouer que mon optimisme est quelque peu contrarié. Fréquentation à la peine, absence de blockbusters, grosses sorties reportées, films qui vont atterrir en SVÀD in fine… malgré toute la bonne volonté du secteur, le résultat n’est pas (encore) au rendez-vous. Les salles restent clairsemées et on se rend compte qu’il faudra s’armer de patience pour retrouver un quasi-retour à la normale.
D’autant que les chiffres ne mentent (malheureusement) pas. Selon un article paru dans Libération, les dix meilleurs films du mois de juillet ne représentent que 20% des entrées récoltées par le top 10 des long-métrages de 2019. Même s’il convient de faire cette comparaison avec le recul nécessaire et de le replacer dans un autre contexte, le constat est sans appel. L’industrie est vraiment à la peine et attend fébrilement des jours meilleurs.
Cette situation inédite, causée par la crise sanitaire et un virus qui continue à dicter sa loi, entraîne son lot de conséquences inattendues et surtout désagréables. Ainsi, certaines salles mythiques comme le Grand Rex ont purement et simplement arrêté les frais en fermant de nouveau, pour la période estivale, faute de public malgré une programmation innovante. De leur côté, les établissements classés Arts et Essai subissent également le coup de la crise même si la situation n’est identique. Enfin, si les cinémas généralistes type UGC ou Pathé semblent encore résister, selon certains, ils savent pertinemment qu’ils ne pourront pas rester indéfiniment dans ce contexte assez particulier et qu’il faudra du sang neuf, comprenez des blockbusters !

Or, l’annonce récente de Disney de mettre directement en ligne Mulan, son dernier live-action, sur sa plateforme, a de quoi refroidir les espoirs de certains. Si cette décision ne concerne pour le moment que les Etats-Unis et le Canada, il est fort à parier que la France (et par extension le reste de l’Europe) n’y coupera pas. L’entreprise aux grandes oreilles pourrait ainsi inviter les cinéphiles et les fans de l’univers de Mickey Mouse à débourser, en plus de l’abonnement mensuel à Disney +, un ticket d’entrée assez prohibitif pour avoir le privilège de découvrir un long-métrage qui devait sortir en salles en mars puis en juillet dernier. Pas sur que les gens soient cependant prêt à lâcher 30 $ (soit 25 €) pour un film dont on nous disait encore qu’il fallait qu’il soit vu sur grand écran !
Face à ce qui convient de considérer comme un chemin de croix, l’heure est aux actions fortes, surtout quand on sait que cette situation profite immanquablement à Netflix, Amazon et compagnie qui rachètent des films qui étaient destinés en salle et dont la diffusion est devenue incertaine en raison d’un coronavirus qui continue de dicter sa loi et notamment aux Etats-Unis, grande pourvoyeuse de blockbusters. Si un plan de sauvetage en faveur de l’industrie est en discussion, on n’en connaitra pas les grandes lignes avant la rentrée d’autant que tout le monde s’accorde déjà à dire que cela ne suffira pas et qu’il faudra, selon toute vraisemblance, un véritable plan Marshall, pour éviter la banqueroute généralisée. Une donnée qui fait un peu froid dans le dos, même si le cinéphile que je suis ne peut s’empêcher de voir le verre à moitié plein et se dire que les beaux jours vont vraiment finir par arriver, notamment avec la sortie (en Europe tout du moins) de Tenet, le nouveau et très attendu long-métrage de Christopher Nolan, le 26 août prochain.
En attendant, faites un geste citoyen, allez au cinéma et soutenir notre industrie ! 😉
Un constat terrible et qui fait peur pour les cinéphiles que nous sommes…Mais je pense que le mois d’août peut commencer à faire remonter la pente, les sorties sont un peu plus intéressantes, moi-même, je vais enfin pouvoir y retourner !
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C’est clair que c’est pas la joie. Hier, je suis allé voir « Le défi du champion », on était à peine cinq pékins dans la salle. Espérons que « Tenet » sauve l’honneur !
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Je l’espère, sinon, je ne donne pas cher de la peau de certains cinémas…
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Tu m’étonnes !
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Bon jour,
J’ai cru entendre que les petites salles sont « moins » touchées que les grandes salles …
En tout cas si cela ne redémarre pas en compagnie des « blockbusters » (75% USA), le cinéma français risque de ne pas s’en remettre car financé une part ces mêmes « blockbusters » …
Max-Louis
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C’est vrai que les blockbusters constituent une part non négligeable de revenus pour les exploitants. Après il est fort à parier que le CNC ne laissera pas faire. Nous sommes le pays du cinéma après tout !
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